Crows & Kittiwakes Wheel & Come Again
Connect_Icut
A l’heure de la rédaction de cette chronique, la plupart des gens qui nous lisent se foutent sur leur trente-et-un et se préparent à aller faire les beaux dans la (belle) famille, prêts à ripailler champagne à la main et huîtres et foie gras en bouche. La grande fête du cholestérol est prête à débuter et, comme une envie de s’isoler, nous on s’envoie une énième fois le disque de Connect_Icut dans les oreilles. Comme pour retarder au maximum le brouhaha de ta grand-mère qui gueule, des petits cousins qui te courent dans les pattes et des justifications attendues sur ton chômage qui prend des allures contrat à durée indéterminée. Le casque posé sur les oreilles, Crows & Kittiwakes Wheel & Come Again te ferait presque croire qu’on est aujourd’hui le deux janvier, et que t’as pu éviter toutes les niaiseries imposées par les «fêtes» de fin d’année.
Pourtant on n’aurait pas misé sur cet Anglais pour nous tirer un instant de notre dépression pré-fin d’année (normal, on ne le connaissait pas). Quoique, avec la mise en avant de Aagoo Records – qui a proposé les musiques de Murcof, Xiu Xiu ou KK Null cette année – on finira bien par prendre tout ce qui tombe de leur camion pour argent comptant. Samuel Macklin frappe donc à la porte avec un LP six titres plutôt canon, qui tombe bien à point au moment d’évoquer les clichés hivernisants d’une musique ambient/abstract/electronica. Un disque simple, qui enfonce des portes ouvertes (difficile de faire le contraire avec la surenchère ambient/drone/electronica) avec une classe et une profondeur qui nous caressent dans le sens du chibre. Crows & Kittiwakes Wheel & Come Again ne se contente pas de divaguer gentiment, il intègre sans cesse de la matérialité dans son propos. Vous trouverez donc pas mal de guitares préparées, Fennesz n’étant jamais loin, des manipulations analogiques qui rappellent parfois la nouvelle scène kosmische/kraut incarnée par Emeralds (et surtout son leader Mark McGuire) et de la noise pour lutins.
Un disque extrêmement équilibré - entre mélodies, textures et pulsations – qui fera le bonheur des diggers de tous poils. Peut-être pas le plus original des disques du genre, mais maîtrisé du début à la fin, avec calme et inspiration. Ce qui est sûr, par contre, c’est qu’on apprendra à suivre les enfants de l’école Aagoo Records en 2014. Dommage que ce disque ne soit pas plus long, il est en effet déjà temps d’aller foutre notre éternel costume deux pièces ringardos pour aller récolter trois pauvres cadeaux dans une ambiance de merde.