Cracks In Common Sense

DIRK.

Mayway Records – 2020
par Quentin, le 26 novembre 2020
8

Il y a un gros malentendu sur la devise de la Belgique - pour rappel, c'est "L'Union fait la force". À la base, l'idée n'était pas d'unir les communautés linguistiques du pays (la Belgique en compte 3), mais bien les tendances catholiques et libérales de la bourgeoisie qui était au pouvoir après la révolution de 1831. Ça peut paraître anodin, mais au sein du petit pays qu'est la Belgique, on a aujourd'hui tendance à répéter cette devise comme une prophétie autoréalisatrice qui permettrait aux différentes communautés de ne faire qu'une. Une prophétie qui accomplira ce que les gouvernements successifs échouent à faire depuis des années. Car si on a depuis longtemps arrêté de se préoccuper de la question catholique pour lui préférer la libérale, force est de constater que la question de la frontière linguistique est plus présente que jamais. Et que c'est à cause d'elle que des groupes comme DIRK. peinent à arriver à nos oreilles. Quasi inconnu au sud du pays, le groupe est en heavy rotation sur les meilleures fréquences au nord. Et puis si le public potentiel doit compter sur les algorithmes pour l'amener jusque DIRK., notre petit doigt nous dit qu'il peut encore attendre longtemps. 

L'esthétique indie-grunge 90's et la nonchalance qui va avec, voilà ce qui nous avait séduits sur le premier album de DIRK. On l'avait compris en 2018 et on en a la confirmation aujourd'hui, le groupe n'est pas de ceux qui révolutionnent le genre, mais plutôt de ceux qui l'ont étudié, qui l'ont poncé pour en cerner les limites et mieux les exploiter. Probablement obsédé par la question de savoir comment rendre intéressantes 3 minutes de chanson avec la rengaine classique "2 refrains, un couplet, un bridge et une fin en apothéose", DIRK. a bien bossé la matière et livre un résultat plus que convaincant avec Cracks in Common Sense. Pas d'artifices, le groupe vise l'efficacité façon power pop sans pour autant faire de concessions sur l'énergie brute.

Au moins aussi bon, si pas meilleur que son prédécesseur, Cracks in Common Sense ne laisse pas vraiment de place aux temps morts. Faussement négligé, "Priceless" joue le rôle d'intro, mais plante surtout le décor des 33 minutes qui suivront. "Hit" et "Artline" constituent très clairement les deux temps forts de ce court album dans lequel on ne trouve pas grand-chose à jeter. Les morceaux s'enchaînent avec une étonnante constance dans l'intensité. On sort des 11 premiers titres bien rincés pour enfin arriver à "Mother" qui clôture l'album en douceur. Le gros point positif du disque, c'est sa concision. En 12 pistes vaguement similaires sans pour autant être répétitives, ce nouveau DIRK. propose quelque chose dont on ne se lasse pas, qui est attractif sans être putassier. Jamais à la recherche du single parfait (pourtant le disque n'en manque pas), DIRK. nous pousse à écouter son nouveau bébé dans son entièreté et de manière répétée pour découvrir à chaque fois de nouveaux éléments qui font le sel de son songwriting. Avec le recul, on sait que cette technique est la bonne et que c'est précisément pour cette raison que l'on continue d'écouter les albums d'indie ou de grunge des années 90 avec autant de passion.

Le goût des autres :