Cosmic Sister

Villalog

Angelika Kölhermann – 2009
par Simon, le 6 octobre 2009
8

Qu’y a-t-il encore à dire sur le cosmic disco en 2009 sinon qu’il est assurément le genre émergent de ces dernières années. On a pu compter sur le talent sans limites de Lindstrom ou de Prins Thomas et sur la constance de labels comme Eskimo ou DFA pour assurer au genre une pérennité incontestable. Et c’est tant mieux. Mais comme toujours, il est de ces groupes qui entretiennent avec les genres popularisés une relation un poil plus indépendante : bien ancrés dans les codes musicaux mais assez détachés pour ne pas être assimilés aussi facilement à la grande famille du cosmic/balearic. Villalog pourrait traîner son passé d’inconnu encore longtemps si cette formation improvisée ne comptait dans ses rangs le talentueux Bernhard Fleischmann (mieux connu sous le pseudonyme B.Fleischmann au sein du label Mörr Music), officiant cette fois du côté de la batterie. Un groupe qui sur papier a encore tout à prouver.

Mais autant le dire d’entrée de jeu, Cosmic Sister est un très bon album, ce genre d’album qui vous persuade que le bon et sensé se trouve aussi dans les chemins de traverse, loin des grosses vitrines premières. Villalog taille ses huit titres dans un hybride pourtant connu : un alliage fait d’italo-disco, de space-rock et de balearic. Cousin éloigné d’un Hatchback ou de l’écurie Bear Entertainment, ce collectif viennois nous la joue organique et allonge des grooves bien réels au moyens de guitares hawaï-style, de batteries imperturbables et de lignes de basses plantureuses pour sobrement aboutir sur de longues avancées (huit titres pour un peu moins d’une heure) et, avec science, emprunte ce qui se fait de meilleur au sein de ces genres épars. Mais finalement ce qui fait la grande force de Cosmic Sister, c’est sa vocation à ne jamais tomber dans un plan putassier, à se détacher pour mieux imposer sa rigueur rock un peu froide, contrebalancée par ses ritournelles diaboliquement groovy. Avec Villalog, le minimum sert le maximum, et on se verrait bien dodeliner du cul sur chaque apparition de guitare, de samples ensoleillés ou de refrains monocordes. Rajoutez à ça une montée funk-acid du plus bel effet (le bien nommé « Space Rave »), des gimmicks toujours accrocheurs et vous comprendrez alors que Villalog est une de ces surprises musicales qu’on n'attend plus dans un genre pourtant foisonnant.

En effet, rien ne prédestinait un groupe tel que Villalog à nous sortir pareille bombe, ni le label sur lequel il pose (le méconnu Angelika Kölhermann), ni leur contrée d'origine. Tout au plus, Zwei, leur précédent opus, aurait pu nous mettre sur la piste d'un tel talent. L’effet de surprise n’en sera que renforcé et les écoutes répétées croyez-nous. Alors Cosmic Sister pour l’essai kraut/nu-disco de l’année ? Et pourquoi pas finalement.