Composite

John Lord Fonda

Citizen – 2009
par Jeff, le 22 avril 2009
7

Si on trouve énormément de bonnes choses chez Citizen Records, ce sont surtout le boss Vitalic, les EdBangerisants Teenage Bad Girl et le colosse techno/EBM Arnaud Rebotini qui occupent une place de choix dans le cœur des fans du label. Et derrière ce podium de choix et de choc, on trouve une meute de talents émergeants dont John Lord Fonda est peut-être l’élément le plus intéressant. Enfin, parler de jeune pousse dans le cas de John Lord Fonda est peut-être un peu exagéré. En effet, ce Dijonnais fait les beaux jours de l'écurie de Pascal Arbez depuis 2003 et s’est attiré les faveurs de la critique avec son premier album, Debaser, paru en 2005 - et qu’une reprise bodybuildée du « Personal Jesus » de Depeche Mode avait permis de propulser au-delà d’un cercle d’initiés.

Vu le temps qui s’est écoulé depuis la parution de Debaser, il semblait assez logique que John Lord Fonda nous revienne avec un nouvel album sous le bras. Mais à la surprise générale, c’est avec ce qui semble s’apparenter à un mix album que le Dijonnais se rappelle à notre bon souvenir. Mais soyons clair et précis : Composite n’est pas une galette mixée à la tronçonneuse comme il en sort des dizaines par année ou comme il en pullule sur les blogs (souvent l’œuvre de DJ du dimanche), mais bien la restitution d’un projet scénique en mutation permanente, évoluant au gré des envies de l'artiste et de son public. Pour cette version CD, l’artiste n’a d'ailleurs pas eu carte blanche et a notamment dû composer avec quelques problèmes de droits d'auteur, et c'est donc avec un tracklisting mélangeant grosses cylindrées et artistes plus confidentiels que l’on se retrouve. Mais quel que soit le degré de notoriété, ceux-ci partagent un point commun essentiel : la puissance.

Pourtant, à la lecture d’un tracklisting aussi varié que celui mitonné par John Lord Fonda, on pourrait douter de la cohérence de l’ensemble. En effet, comment façonner une sélection solide et pertinente quand se croisent en moins d’une heure les acharnés de Public Enemy, le tortueux Polygon Window (alias Aphex Twin en 93), le Hollandais bastonneur Junkie XL, les has been de The Prodigy, le petit prodige James Holden ou les parrains Daft Punk et Laurent Garnier ET qu’un artiste en profite par la même occasion pour prendre le pouls du label qui l’héberge ? La réponse est assez simple à l’écoute de Composite: en faisant cohabiter les versions originales et des formats comme le remix et le bootleg, mais aussi (et surtout) en travaillant la matière électronique comme s'il s'agissait de vulgaires Play-Doh, John Lord Fonda accouche d’un mix extrêmement efficace qui n’aura pas trop de mal à trouver son public tant il semble se situer au carrefour de deux univers - celui des fluokids assoiffés de filtres scandaleux et d'un public plus féru d'IDM mais qu'un peu de simplicité binaire ne dérange pas. Y’a des rotules qui vont chauffer, c’est moi qui vous le dis.

Le goût des autres :