¿Como Te Llama?
Albert Hammond, Jr.
Alors que les Strokes n'ont pas donné de nouvelles depuis trois ans – même si un nouvel opus pourrait sortir en 2009 selon certaines sources, le guitariste chevelu Albert Hammond, Jr. profite de ce break plus ou moins forcé, plus ou moins définitif, pour poursuivre son petit bonhomme de chemin en solo avec ce second album, plus d'une année après un premier effort bien sympathique placé sous les auspices d'une bande de potes aussi cool que doués (Sean Lennon et Ben Kweller en tête), qui lui avait ainsi permis de mettre en forme des textes écrits souvent depuis longtemps mais refusés au sein du groupe qui l'avait fait connaître.
Connaître, le terme est peut-être un peu fort. Car ce ¿Como Te Llama? – Comment tu t'appelles ? (malgré une faute en espagnol), pourrait bien symboliser la situation actuelle de ce guitariste talentueux mais dont on ne se rappelle jamais le nom. "Guitariste des Strokes", voici sans doute ce que l'on retiendra d'Albert Hammond Jr., malgré un nouvel album encore une fois plutôt réussi, composé de plusieurs bons morceaux ("Bargain of the Century", "The Boss Americana"…), à tel point que la plupart des treize titres de cette galette auraient tout à fait leur place sur un album des Strokes, puisque Hammond s'applique à reproduire les gimmicks et les figures imposées du groupe new-yorkais, en produisant un garage rock séduisant et mélodieux ("Rocket"), jusqu'à trafiquer sa propre voix comme le fait ou le faisait traditionnellement son camarade Julian Casablancas ("Lisa").
Bon album, donc, tout à fait recommandable même, mais malheureusement sans réel génie ni inspiration et sans doute insuffisant pour sortir Hammond des limbes dans lesquelles il se situe aujourd'hui. Car aussi efficace qu'il soit, cet album n'en reste pas moins une œuvre mineure qui symbolise les difficultés que peut rencontrer le membre d'un groupe pour sortir d'un relatif anonymat et exister en tant que tel, non en tant que simple guitariste / batteur / bassiste de… Le problème en réalité c'est qu'Hammond ne parviendra pas à se faire un nom en singeant Casablancas mais uniquement en se démarquant nettement des oeuvres des Strokes, ce qu'il ne parvient pas à faire pour le moment, à part au cours d'un surprenant instrumental ("Spooky Couch") qui pourrait constituer une piste à creuser.