Collections:one
Sophia
Sophia a été pour moi une des plus belles découvertes de l’année 2004, autant pour l’album People are like Seasons que sur scène. Que de moments intenses passés en leur compagnie durant toute cette année ! Que de souvenirs personnels sur leurs chansons ! Et à la fin de l’année comme une cerise sur le gâteau, ils nous ont apporté ce Collecions:one, éclatant de beauté. Ce disque aurait pu s’appeler “Sauvez la tournée de Sophia”. C’est en effet la meilleure solution trouvée par Robin Proper-Sheppard pour se permettre d’emmener avec eux la section de cordes qui était prévue sur la tournée de l’automne dernier. Un album-compilation inédit vendu à la sortie des concerts, tout d’abord pressé à 3000 exemplaires numérotés, sous pochette cartonnée, puis prévu pour être réédité en cas de rupture.
Ce CD est réellement une collection, n’a pas eu la même dynamique qu’un album dans sa création, puisque même si on y trouve une nouvelle chanson — “Easy (if you want me)” — les autres titres sont d’anciennes chansons (entre 1998 et 2004) qui n’ont pas eu l’occasion d’être publiées, ou du moins pas dans cette version-là. Le plus gros de la tâche de Robin Proper-Sheppard, après le choix des chansons, a donc été un travail de mixage. Il ne faut donc pas chercher dans ce disque une quelconque évolution du groupe par rapport au dernier album ; les chansons n’étant pas dans l’ordre chronologique, cette évolution n’est pas non plus décelable au fil de l’écoute.
Alors quel intérêt me demanderez-vous ? Mis à part celui d’aider le groupe à offrir à ses fans de magnifiques concerts accompagnés d’une section de cordes, le plus évident reste la découverte artistique. Car les chansons de Sophia restent de petits bijoux de création musicale. Les mélodies vous font frissonner d’émotion, les arrangements vous submergent de l’intérieur, la voix de Robin possède ce petit quelque chose qui vous rend béat, à tel point qu’on serait presque déçu de ne pas l’entendre sur les titres instrumentaux que sont “Airports”et “Zinc”. Sans paroles, on se prend à rêvasser, à laisser son esprit vagabonder sur des nimbes de notes, dans la douceur ouatée de cette atmosphère si particulière. Comme une compensation de ces titres sans paroles, Robin chante en duo avec Adele Bethal (Arab Strap/Sons and Daughters) sur “You only tell me you love me when you’re drunk”, leurs deux voix se mêlant à merveille, combinant leurs fragilités respectives pour sublimer leurs caractères. En bonus à ce CD de toute beauté, on découvrira l’extrait du film Absolute giganten soutenu par “Reprise – crescendo”, un des titres composés par Sophia pour cette bande originale.
Le titre de l’album laisse présager qu’il y aura d’autres collections et c’est tant mieux. En écoutant des albums “classiques”, on découvre un nouveau chemin. Dans le cas de Collections:one on refait un chemin déjà parcouru, mais en se rendant compte qu’il existe plein de choses que l’on n’avait pas vues les premières fois. Si les deux sensations sont fondamentalement différentes, elles n’en sont pas moins grisantes.