Cold Fish
TV Ghost
On ne va pas y aller pas quatre chemins : TV Ghost est un groupe effrayant. Pas effrayant comme ma tête ce matin, pas effrayant non plus comme un concert de Yoko Ono (quoique). Non, TV Ghost a plutôt pour objectif de faire du cauchemar au format CD, du cauchemar façon quarante de fièvre et amphétamines, du cauchemar dont on ne se réveille pas. Du grand art (punk) !
Originaire d’Indiana, TV Ghost puise son inspiration dans ce que le punk d’avant-garde a pondu de plus méchant à un moment ou à un autre de son histoire. Ils ont la verve des Fuzztones, les cris simiesques de feu Lux Interior et les synthétiseurs surchargés de Suicide - rehaussés, pour l’occasion, d’une touche d’électronique 2.0 pas moins vicelarde. Tantôt brutal et cinglant (« The Comsumption »), tantôt acide et lancinant (« Seasick » et « The Drunkard » qui se réapproprient la basse expansive d’un Fugazi), Cold Fish vacille en permanence entre débauche sonore et complainte nauséeuse. Ca va et vient à un rythme effréné (25 minutes montre en main), laissant l’auditeur pantois mais pas incrédule : la force de TV Ghost, c’est cette cadence métronomique qui donne envie, malgré tout, de donner de la tête sans réfléchir, chose qui se perd lorsqu’on expérimente des rythmiques alambiquées (c’est un peu ce qu’on reprochait à Scarcity Of Tanks). Mais toute médaille a son revers car en martelant sans cesse la même trame, on finit vite par tourner en rond, ce qui donne l’impression qu’avec 25 minutes de plus, les lascars n’auraient pas pu en raconter beaucoup plus.
Bien moins pénible que les Lovvers de Wichita, grinçants et malsains à souhait, TV Ghost et leur Cold Fish semblent être encore une bien bonne pioche pour In The Red Records.