Cokefloat!

PAWS

Fat Cat Records – 2012
par Jeff, le 6 février 2013
7

Il fut une époque où l’on suivait de près l’actualité de Fat Cat, très chouette label de Brighton qui, dès sa création en 1997, nous a initié a pas mal de groupes plutôt du genre à emprunter des chemins de traverse et dont certains ont fini par connaître la consécration. C’est ainsi sur Fat Cat que sont sortis le Ágætis byrjun de Sigur Rós, le Feels d’Animal Collective ou le Weirdo Rippers de No Age.

On parle donc de gens au flair avéré. Ceci étant, ces dernières années, on peut dire que les têtes chercheuses de la structure étaient sérieusement enrhumées, vu le peu de sorties vraiment notables à se mettre sous la dent. Aussi, assez logiquement, quand un disque estampillé Fat Cat arrive dans notre boîte aux lettres, on a un peu tendance à le foutre en milieu de pile, si vous voyez ce qu’on veut dire.

C’est en tout cas ce qui est arrivé avec ce disque de PAWS, sorti en novembre 2012, et on le regrette amèrement. Car tout d’abord, ce premier album des Ecossais est de grande qualité. Et ensuite parce qu’il est en rupture avec les habituelles sorties assez intellos de Fat Cat.

Alors vu le retard pris sur le plan promo, on va se limiter à une chronique vite torchée que l’on voudra surtout efficace. Une chronique à l’image du disque qui nous occupe. Puis, fondamentalement, avoir trois mois de retard sur la date de sortie d’une galette qui se croit toujours en 1996, c’est presque faire preuve de déférence à l’égard de l’objet. Car à l’image des talentueux merdeux des Cloud Nothings ou de Foxygen (même si ces derniers n'évoluent pas vraiment dans le même registre), nos trois Ecossais passent le plus clair de leur temps à nous faire comprendre qu’ils ont été des élèves studieux sur les bancs de l'école du rock, où ils ont bouffé du Sebadoh, du Pixies et du Nirvana jusqu’à maîtriser les codes qui ont permis à ces groupes de briller. Et donc, si l’on frôle souvent le niveau zéro de l’originalité, il est bien compliqué de ne pas succomber aux incessants coups de butoir assénés par un power trio aussi à l’aise dans la saillie garage que dans la fulgurance punk.

Vous l’aurez compris, on est ici dans le morceau qui n’a pas vraiment envie de passer la barre des trois minutes, qui sent bon la bière un peu tiédasse et la transpiration surette et qui surtout doit s’apprécier dès la première écoute. Et à ce petit jeu, Cokefloat! est une vraie réussite, même si le disque manque de l’un ou l’autre tube en puissance pour définitivement nous foutre dans sa poche et qu’on n’aurait pas hurlé au scandale si son tracklisting avait été raboté de l’un ou l’autre titre. Mis à part ça, voilà le genre de disque « plus-plaisir-coupable-tu-meurs » dans lequel vous pouvez vous plonger les yeux fermés.