C'Mon
Low
Replaçons les choses dans leur contexte : C’Mon sort après Drums And Guns, revirement « à la Kid A », album sibérien, à la fois froid et incandescent, sans compromis. Juste avant il y avait eu The Great Destroyer, revirement également, toutes guitares dehors et tempo presque rapide (un comble pour le groupe qui se voulait le plus lent du monde), avec des morceaux presque radio friendly malgré une noirceur bien présente. Et avant cela, il y a eu l’âge d’or, de Secret Name à Trust en passant par Things We Lost In the Fire. La trilogie parfaite qui aura amené la reconnaissance critique et son aura au groupe de Duluth.
Difficile de sortir un album après tout ça. Le parallèle avec Radiohead est encore ici assez frappant, car que fait la bande à Thom Yorke après Amnesiac ? Hail To The Thief, l’album pot-pourri - et non moins excellent - qui fait le lien et le bilan des différentes tentatives du groupe. C’Mon donne la même impression. Il y a un peu tout Low dans cet album. On ne peut toutefois s’empêcher de trouver l'ensemble un peu en deçà de l’excellence à laquelle nous avait habitué le trio. Pourtant, l’album commence très fort avec "Try to Sleep", une des plus belles mélodies tissées par Mimi et Alan. S'en suivent d'autres bons moments comme ce "You See Everything" qui pourrait presque sortir d'un disque West Coast des années 70 ou les complaintes "Done" et "$20" où simplicité rime avec beauté ainsi que "Nightingale", morceau où les voix de Mimi et Alan sont en parfaite symbiose. "Nothing But Heart" monte quant à lui dans un lent crescendo vers des guitares que n'aurait pas renié Neil Young et la douce naïveté folk de "Something's Turning Over" semble nous dire bonne nuit, faites de beaux rêves.
Mais sur la longueur, C'Mon laisse surtout une impression de navigation en pilotage automatique qui s'explique difficilement. Peut-être est-ce dû à la qualité intrinsèque des morceaux, un cran en dessous des précédents albums. Peut-être à une certaine lassitude. Ne nous méprenons pas, ce disque reste d'un bon niveau et nombre d'artistes se damneraient pour frôler une telle pureté. On espère juste que contrairement à Radiohead, Low saura (sans mauvais jeu de mots) remonter la pente et nous livrera à nouveau des albums qui filent la chair de poule.