Climb Up
APSE
On en a fait du foin autour d’Apse ! En 2006, l’immense majorité de la blogosphère s’accordait à dire que Spirit, le premier et très remarqué album du groupe, allait devenir un classique instantané du post-rock. On pouvait d’ailleurs lire un peu partout qu’on assistait à l’avènement d’un Sigur Rós en devenir ou d'un Radiohead nouvelle génération. Ca faisait beaucoup d’histoires pour un groupe sorti de nulle part (leurs nombreux EP’s étaient restés lettre morte) ; ça en faisait d’ailleurs peut-être trop pour le grand public qui n’a suivi l’affaire que distraitement. Spirit n’était cependant pas mort et enterré pour la cause puisqu’il est ressorti en 2008 chez ATP/R (ça aide !), cette fois-ci augmenté de quelques pistes bonus. Regain de blabla, regain de promo, mais un succès toujours confidentiel. La hype avait-elle raison de s’acharner à ce point-là ? Est-ce que Apse en valait la peine ?
Eh bien on l’a vu se tromper plus lourdement, la hype. Apse a bien « le truc » pour faire de bonnes chansons, une trame cohérente et un univers passionnant. Robert « Bobby » Toher, le type qui est à l’origine de tout ça, a le chic pour arranger ses titres correctement en insérant un piano par-ci, un sample par-là, de façon à rendre le tout attractif. On l’a dit versé dans le post-rock, il est en fait versé dans un tas de styles : on passe de plages instrumentales très planantes à des rythmiques exotiques, du post-punk à la pop symphonique façon Muse, de l’indus au krautrock, et tout ça de façon très naturelle, sans brusquer l’oreille d’aucune manière.
C’était vrai de Spirit, ça l’est aussi du tout nouveau Climb Up sur lequel la hype s’est nettement moins acharnée. Climb Up est plus trapu, il a laissé de coté les pistes de transitions et les silences trop longs. Il est aussi plus direct que son prédécesseur, chaque titre étant chanté (ce qui l’éloigne du post-rock conventionnel). Par contre l’ambiance reste la même : tantôt mélancolique, tantôt enjouée, mais jamais vraiment chaleureuse ; l’écho de cathédrale omniprésent et la voix translucide de Toher y sont pour beaucoup. L’évocation de paysages sauvages, les envolées lyriques, c’est sûrement le terrain où Apse croise Sigur Rós, en toute modestie.
Là où le bât blesse, c’est dans le rythme global de l’album. Pris individuellement, chaque titre respire le travail bien fait et le bon goût, mais pris ensemble, aucun n’arrive vraiment à se détacher de son voisin. Même après plusieurs écoutes, impossible de remettre un nom sur une mélodie et inversement. Il faut croire qu’à force de miser sur une atmosphère tamisée et égale d’un bout à l’autre de l’album, celui-ci finit par se retrouver irrémédiablement vidé de sa personnalité, ne laissant dans la tête qu’une vague mélodie éthérée sans cesse répétée. S’il n’y avait le soin apporté à chaque titre et s’il n’y avait la diversité de ses influences, Climb Up (je vais dire un truc méchant) serait presqu’aussi chiant qu’un album de Kubb.