Clash The Truth
Beach Fossils
Pour vous situer rapidement le machin, on pourrait définir la musique de Beach Fossils comme une version 8-bit de The Drums, le côté sec comme une trique encore plus accentué. Un son très typé donc, avec des guitares aux lignes claires, minimalistes dans le jeu. Un son aérien aussi, mais tendu sur des uptempo qui n’excèdent pas les 3 minutes. Pas de fioritures ici, on va à l’essentiel. On établira également la connexion avec DIIV puisque Zachary Cole Smith, le leader de cette formation, a un temps joué en tant que guitariste au sein de Beach Fossils. Et si on note un côté shoegaze présent mais tout de même moins marqué que chez DIIV, les amateurs de ces derniers ne seront ni déroutés ni en reste avec Clash The Truth.
L’album, qui est le deuxième des New Yorkais, est à l’image de leurs morceaux: court. Si vous êtes séduit par leur musique, cela vous laissera donc ce très agréable sentiment de frustration lié à l’interruption trop rapide d’une plaisante activité. Dustin Payseur, l’homme derrière Beach Fossils, semble ainsi avoir bien compris les leçons esthétiques d’écriture et de production qui permettent de donner du charme à une œuvre réalisée avec peu de moyens, ou comment tirer profit de ses limites. On connaît tous la maxime de Mies van der Rohe, et elle s’applique très bien ici. Ce qui est étonnant, c’est qu’avec la palette chromatique restreinte utilisée, Payseur arrive tout de même à créer de jolis dégradés et modelés. Ainsi, « Sleep Apnea », un des rares ralentissements de tempo de l’album, brosse, avec une rythmique subtile et de malingres guitares acoustiques, le canevas parfait de ces mélodies minérales douces-amères. Un morceau et une production qui ne sont pas sans rappeler les injustement oubliés Brando.
Beach Fossils est ainsi l’antithèse absolue de personnages tels que Grimes ou Doldrums : il n’y a pas 40 idées par minute dans les morceaux de Payseur; il n’y en a qu’une seule, mais elle est utilisée à 100%, au service du morceau et pas dans un étalage vain de préciosités qui au final ne conduisent à rien si ce n’est à un gloubiboulga bien peu digeste. Si l’on devait donner un autre argument en la faveur de cet album, c’est le grand plaisir que l’on a à retrouver un featuring de la belle Kazu Makino sur le titre « In Vertigo ». Un morceau dans lequel la voix si particulière de la chanteuse de Blonde Redhead se mêle et se fond avec celle de Dustin Payseur pour un effet cotonneux qui n’est pas rappeler certains titres de My Bloody Valentine. Clash the Truth est au final un album très rafraîchissant, qui, s’il n’usera pas votre platine, n’en restera pas moins un disque vers lequel on retournera toujours avec plaisir.