Circle The Yes
I Might Be Wrong
Avec ses xx et autres Wild Beasts, la rentrée de l’année 2009 a été particulièrement bien fournie en perles pop de toutes les tailles et de toutes les formes. Des perles à fleur de peau et romantiques, mais aussi des perles sérieuses et mélancoliques, à l’image d’une époque où on garde les pieds sur terre (quand ils ne sont pas dans la merde) pour mieux avoir la tête dans les étoiles, crise du disque ou crise financière oblige. Comme la majorité de leurs comparses d’Outre-Manche, I Might Be Wrong est un groupe jeune, sage, décontracté et résolu. Leur pop est lumineuse comme un dimanche en plein soleil, leurs guitares sont cristallines et la voix de Lisa Von Billerbeck tout simplement aérienne. C’est léger, très léger.
Pourtant le sujet traité par les Berlinois n’est pas des plus faciles puisque l’entièreté de l’album trouve sa racine poétique dans le travail de Charlotte Salomon, une artiste brillante à la vie brisée. Fuyant le régime nazi entre 1940 et 1942, Salomon s’est réfugiée en France où elle a laissé près de 800 gouaches commentées (reprises sous le nom de Leben Oder Theater). Chacune d’elle est un tableau de ses angoisses et un regard sur son époque d’une poignante lucidité. L’horreur qui la poursuivait finit par la rattraper : Charlotte Salomon fut déportée à Auschwitz où elle fut exécutée.
Du coup, on comprend que le groupe a voulu placer la référence picturale au cœur de son travail. Chaque chanson est aussi éclatante qu’un à-plat de l’artiste, chaque son est pur comme les couleurs utilisées. Rien n’est saccadé, tout est inscrit dans un cadre clair et précis. Un écrin où se déploie un texte poignant qui interpelle l’auditeur sur la fragilité de la vie, la quête de sens et le tragique d’une existence inaboutie. Autant de thèmes qui rendent Circle The Yes bien plus fouillé et intéressant que son apparente naïveté pourrait le suggérer.
Du coté de l’accompagnement, on trouve une multitude d’influences remarquables comme Cat Power (pour la voix), The Album Leaf (pour le clavier) ou encore Mice Parade, dont Circle The Yes hérite de l’esthétique sereine et des rythmes accrocheurs. Que du bon, le tout servi sans aucune note discordante et avec beaucoup de talent et de maturité.
S’ils n’en sont qu’à leur deuxième album, ils ont pourtant réussi à trouver un ton incroyablement juste : la sincérité d’I Might Be Wrong est parfaitement desservie par sa simplicité. Circle The Yes est définitivement un excellent album à découvrir et à faire découvrir !