Changing Horses

Ben Kweller

Ryko – 2009
par Popop, le 25 mai 2009
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En théorie, il est important pour un artiste de se remettre en cause, de prendre des risques, de ne pas se contenter d’une recette qui fonctionne bien et qu’il suffirait de décliner inlassablement jusqu’à sa retraite... Bref, il est important de continuer à évoluer. En théorie donc, en notre qualité de webzine musical über-exigeant, il nous faudrait saluer le virage pris par Ben Kweller sur son quatrième album, en réaction aux faiblesses d’écriture assez évidentes apparues sur son dernier opus éponyme. En théorie toujours, le passage assez radical d’une power-pop un peu rétro mais diablement efficace à de la country pur jus de chaussettes devrait être une excellente nouvelle pour tous les fans du plus joufflu des songwriters américains – du moins les plus ouverts, on ne peut pas non plus forcer tout le monde à aimer la country.

Mais voilà, c’est bien beau les théories, mais dans la pratique, lorsque l’on est confronté à ce vilain exercice de steel, pardon de style, qu’est Changing Horses, on se dit que le surplace a parfois du bon. Car, dans la pratique donc, ce nouveau disque ne ressemble absolument pas à une évolution naturelle, plutôt à une régression mal inspirée. Comme si un beau matin, le Ben s’était réveillé en se disant « tiens, je me suis ramassé avec mon dernier album, et si je faisais un disque de country pour surprendre tout le monde et passer pour un type super cool et super audacieux ? ». L’idée en soi aurait pu être bonne si, au lieu d’opter pour du copier-coller de ses aînés, l’Américain avait tenté de s’approprier le genre, de le moderniser, de le maltraiter, que sais-je encore… Mais non, ici, l’interprétation est fidèle, propre, nette, sans bavure et... chiante à mourir !

C’est d’autant plus désespérant qu’au milieu de ce désastre surnagent quelques morceaux qui prouvent que Ben Kweller sait toujours composer de belles choses comme "Fight" ou "The Ballad Of Wendy Baker", une somptueuse ballade qui n’a pas besoin d’effets de manche pour séduire l’auditeur. Mais en dehors de ça, Changing Horses est une accumulation de clichés tous plus éculés les uns que les autres, de la steel guitar omniprésente à la rythmique bêtement sautillante. Le pire, c’est que même ce que l’on aimait autrefois chez le chanteur finit par irriter ! Prenez par exemple cette voix, un rien geignarde certes, mais qui faisait tout le charme des précédents opus. Ici, après être arrivé au prix d’efforts surhumains à la fin du disque, on en viendrait presque à apprécier les vocalises matinales d’un coq asthmatique en pleine dépression nerveuse...

Donc Ben, au cas où tu n’aurais pas compris le subtil message dissimulé dans cette chronique, je résume : ta panoplie de cowboy, tu la ranges fissa et tu remets ton vieux jean troué, sinon on sort les plumes et le goudron ! Quant aux théories, je les emmerde et je rentre à ma maison écouter On My Way...

Le goût des autres :