Chamber Music

Wu-Tang Clan

Universal – 2009
par Soul Brotha, le 3 août 2009
7

Dans le fond, que doit-on retenir de la trajectoire du Wu-Tang Clan? Deux voire trois albums allant du culte (le premier) au pas mal (le troisième) mais sinon? Le groupe ne s'est jamais vraiment illustré en concert (où l'on voyait parfois plus de monde sur la scène que dans le public), n'a jamais pu retrouver la cohérence des débuts et a vu ses albums devenir de moins en moins bons. Avec le décès de l'âme du groupe Ol' Dirty Bastard en 2004 et la sortie de l'indigne 8 Diagrams il y a un an et demi, on peut considérer que le groupe est mort. Surtout que ses membres (certains du moins) sont plus intéressants en solo.

Pourtant, ce Chamber Music est une belle surprise. Si ce n'est pas un album officiel du Wu (ODB y est absent évidemment mais aussi Method Man, ce qui est quand même fâcheux), il s'agit d'un énième projet portant la marque jaune. A la différence près de ses prédécesseurs que celui-ci est très beau. C'est comme si le crew de Staten Island avait décidé de ne pas se mettre la pression et d'effectuer un retour aux sources.

En effet, loin des derniers albums tout fades, celui-ci se démarque par la non-présence de RZA derrière les manettes. il est ici simplement producteur exécutif et c'est franchement une bonne chose. Sans vouloir dénigrer Bobby Digital à tout prix, il semble évident que son talent s'est émoussé ces dernières années, particulièrement quand il s'agissait de produire pour le Wu. Ici, on a affaire à une véritable instrumentalisation (avec un groupe donc) et le son du Wu en sort renforcé.

On retrouve ainsi la richesse musicale qui a fait la gloire du groupe, notamment sur des morceaux comme "Harbor Masters", "Radiant Jewels" ou encore "Ill Figures". On peut dire que musicalement, ce "Chamber Music" porte bien son nom car il se trouve être autant voire plus orienté soul que hip hop, une direction particulièrement légitime quand il s'agit d'un des groupes les plus réceptifs à l'héritage de cette musique.

Niveau MCeeing, évidemment, pas ou peu d'impairs. Si les deux absents cités plus haut laissent un vide évident, les autres piliers du groupe font bien le boulot. Ghostface est probablement devenu le véritable leader du groupe: il est celui qui assure le mieux en solo et qui possède le flow le plus marquant. Les autres aussi font bien le boulot, Raekwon en tête. On peut aussi noter une liste d'invités 100% new-yorkaise triée sur le volet allant de Masta Ace à M.O.P. en passant par Sadat X.

On n'attendait plus grand-chose du Wu-Tang Clan, devenu avec le temps une entité marketing plus qu'autre chose. Pourtant, la petite bande semble s'être réunie avec sérieux ce coup-ci pour nous produire un album de très honnête facture que l'on dégustera avec plaisir. Ce bon vieux hip hop new-yorkais crado se fait assez rare de nos jours. Tant bien que mal, la légende Shaolin perdure et ce n'est pas une mauvaise chose.

Le goût des autres :
7 Laurent