Captain Boogie
The Experimental Tropic Blues Band
Brothers and sisters, they're back! En effet, ce début d'année 2009 marque le retour du secret le mieux gardé du rock belge, j'ai nommé The Experimental Tropic Blues Band. Chose assez bizarre dans le chef d'un groupe qui laisse toujours une empreinte indélébile là où il passe, ce retour aux affaires s'opère sans fracas. Pas vraiment leur genre donc. Est-ce que cela cacherait quelque chose? Non bien sûr. Après une tournée européenne marathon et une participation au film et à la tournée Ex-Drummer (en compagnie d'une autre belle bande d'acharnés du ciboulot du plat pays, j'ai nommé Millionaire), le groupe a rapidement repris le chemin des studios pour y enregistrer Captain Boogie, nouvel effort qui fait suite à un EP incandescent et un premier album tout bonnement incendiaire (Hellellujah).
Et d'emblée, le trio liégeois met les choses au clair: ce n'est pas parce qu'il vieillit qu'il s'assagit. Bien au contraire! Sur ce nouvel opus, Dirty Wolf, Boogie Snake et Devil D'Inferno nous confirment une bonne fois pour toutes que leurs personnalités ne sont pas loin de relever de la psychiatrie – et ce ne sont pas les ennuis judiciaires rencontrés par l'un des membres suite à des accès de nudité scénique explicite qui me feront penser le contraire.
Sur Captain Boogie, le groupe confesse avoir accouché de l'album qu'il rêvait d'enregistrer, un album libre et touche-à-tout qui évoque les nombreuses idoles du groupe (Bob Log III, Buddy Holly, The Cramps ou Bo Diddley). Certes, l'amour immodéré de The Experimental Blues Band pour le blues crasseux, le boogie décadent et le rock'n'roll sévèrement burné transpirait déjà par tous les pores de leur précédent effort, mais il s'exprime ici d'une manière encore plus décomplexée et déviante (dans le bon sens du terme) que par le passé. Cela donne donc une galette qui, plus encore que ses prédécesseurs, a les compteurs dans le rouge en permanence et dégage une odeur prenante de sueur et de souffre. Un album sans concession donc, mais qui n'est pas non plus exempt de petits défauts. On le sait, la réussite dans l'expérimentation n'est jamais acquise, et à trop vouloir en faire, The Experimental Tropic Blues Band peut parfois énerver, comme sur ce morceau d'ouverture en apparence infectieux mais que des changements de rythme incongrus viennent quelque peu gâcher.
Mais rassurez-vous: l'alchimie entre ces trois zigues n'a jamais semblée aussi bonne que sur Captain Boogie (il n'y a qu'à voir leur aisance à improviser sur deux titres) et risque encore de faire des dégâts sur scène – un endroit où le groupe se sent comme un poisson dans l'eau et vous le fait vite comprendre. Ceci étant, si vous découvrez les Tropic, commencez plutôt par jeter une oreille attentive à Hellelujah, disque plus immédiat qui incarne à la perfection les valeurs défendues avec véhémence par la formation liégeoise.