Cake Pop 2
Cake Pop
On vous en parle souvent, et c’est pour le mieux : Dylan Brady fait partie des producteurs les plus prometteurs du moment. Qu’il se consacre à sa passion pour le glitchcore au sein de 100 gecs, qu’il produise pour des popstars (Charli XCX, Rico Nasty, Dorian Electra) ou des jeunes pousses du rap underground (NYCL Kai, Round Table Clique), l’artiste du Missouri continue de nous surprendre avec des projets qui transpirent à chaque fois la nouveauté.
Mais cette fois, Dylan Brady a préféré faire les choses en famille avec ses potes de Saint-Louis. Lewis Grant, Pritty, Aaron Cartier, Ravenna Golden et Robert Ketema forment le 5 majeur qui assiste un Dylan Brady davantage concentré sur les productions. Six membres pour ce (super)groupe donc, mais également six ans qui séparent cette sequel du Cake Pop premier du nom, sorti en 2015. Sans oublier les six ans qui séparent également la sortie de cet album de celle des premiers albums de Dylan Brady et Ravenna Golden.
Contrairement aux apparences, cet album ne s’inscrit pas dans la continuité du premier Cake Pop ou du 1000 gecs de 100 gecs. La première écoute nous incite à le considérer comme davantage minimaliste et beaucoup plus épuré par rapport au travail que Dylan Brady fournit d’habitude. Certes, on reconnait bien sa touche personnelle : les références aux tendances pop et emo des années 2000, les morceaux courts, les voix ultra-pitchées, l’autotune poussée à fond, les percussions abrasives, les basses distordues et les synthés ultra-trippants. Mais tout semble plus aéré, sans la démarche punk qui viserait à surcharger l’auditeur·rice d'effets jusqu’à la crise d’épilepsie.
Si Cake Pop 2 n'a pas de véritable fil conducteur, on peut néanmoins tenter une lointaine analogie avec le mouvement Club Kids qui inondait le Time Square des années 90. Comme ces personnages hauts en couleur, les six acteurs du projet sont vêtus de déguisements totalement absurdes dans leurs clips, avec ce même constat doux-amer qui confronte le refus de grandir et la fuite dans les paradis artificiels. Outre les références médicamenteuses disséminées un peu partout, certains morceaux contrastent en effet avec la bonne humeur candide de la pochette - on pense au très bon « Almost Famous », consacré à la FOMO et aux nouvelles angoisses développées sur les réseaux sociaux, mais qui évite de tomber dans un moralisme plat grâce aux fulgurances de Lewis Grant.
L’intérêt de cet album réside également dans la volonté de mettre en avant des artistes moins exposé·es : l’étrange Lewis Grant, encore lui, s’offre une ballade piano-voix sur « Candy Floss », Raveena Golden se la joue Hannah Diamond sur « Ether », et sur « Magic » l’électron libre Aaron Cartier part dans des acrobaties post-Awful Records, le label d'Abra et Father. En à peine 10 morceaux qui s’étalent sur une vingtaine de minutes, le sextuor nous sert, à défaut d'un véritable festin, un succulent dessert. Ça manque parfois de consistance et ça nous laisse sur notre faim, mais comme pour les bonbons, on y revient jusqu'à la crise de foie.