Business Casual

Aussi sympathiques qu’ils soient, lorsque Dave 1 et P-Thugg soufflent dans le ballon, ceux-ci flirtent souvent avec la limite autorisée. En quelques minutes, l’auditeur peut basculer de l’électrofunk le plus jubilatoire à la potacherie crème au beurre et cols pelle à tarte. Dans le meilleur des cas, leurs acrobaties scintillantes nous offrent Fancy Footwork, dans le pire, on pêche un Prince superdiscount dans une chemise luisante et mal coupée - "Casual Prince" préciserait Jemaine des Flight of The Conchords.

Pour leur troisième tour de manège, nos amis québécois ont relâché leur compatriote Tiga et ont proposé au vétéran Philippe Zdar (Cassius) de prendre les rênes de la production. Rompu à l’exercice, le briscard s’est amusé à poser un coup de vernis aux synthés vintage du duo et à les faire passer pour des comiques dignes de confiance. Et le début de l’opération se déroule plutôt bien… "Hot Mess" ou "I’m Not Contagious" ne bouleversent pas les habitudes mais déboîtent agréablement la nuque au feu rouge. On peut estimer l’effet aphrodisiaque de leurs petits beats sautillants jusqu’à "Make It Rough". Et après ? Et après, un lait chaud et au dodo.

Après, Solange Knowles vient cachetonner le temps d’un refrain sur "When The Night Falls", le générique de n’importe quelle production datée où les teenagers arborent des jeans neige. Après, il y a une ballade nostalgique pleine de faux violons. Après, il y a aussi une chansonnette en français dans le texte qui flaire la blague bière-boudin à laquelle on a tenté de donner de la substance. Après, on déterre Billy Joël (deux fois) et on aurait pas dû. D’un naturel généreux, les Chromeo ont tendance à hurler leur affection pour les solos de guitare auréolés de flou romantique, le vocoder "yeah baby !" et les clins d’œil mutins. Malheureusement, ce dernier effort nous oblige à leur tirer l’oreille avec tendresse. Trop de gimmick tue le gimmick…