BUSH

Snoop Dogg

Columbia – 2015
par Aurélien, le 21 mai 2015
6

Ce n'est pas moi qui le dit, mais le rédac' chef: quand Snoop Dogg sort un disque en 2015 et que tu arrives à trouver ça correct, tu as toutes les raisons de trouver ça inquiétant. Et quelque part, l'histoire peine à lui donner tort. Récemment par exemple, on a pu croiser le chien galeux en train de jouer le pimp de province pour David Carreira – mais si, vous savez, ce jeune portugais plus à l'aise lorsqu'il s'agit de faire des wheelings sur les parkings d'Aldi que lorsqu'il faut verser dans le R&B pour beurettes. Une sale histoire en somme. Un affreux dérapage qui n'a cependant pas réussi à éclipser de nos mémoires son album sous l'alias Snoop Lion, produit par cet enfoiré de Diplo.

Au beau milieu de ce marasme pourtant, l'espoir à filtré. Quelques mois seulement après la parution de cet immonde étron, c'est 7 Days Of Funk qui a débarqué. Et pour résumer ça très simplement, on y trouvait à peu près tout ce qu'on n'attendait plus d'un projet de Snoop Dogg. A savoir un disque de G-Funk groovy à souhait, aux basses immenses cuisinées par un Dâm-Funk capable de transformer ta Simca 1000 en une Cadillac sur ressorts. Bref, le genre d'accident qui te laisse l'entrejambe moite. Et surtout, une source d'espoir incroyable au milieu d'une discographie qui se prenait tous les nids de poule possibles et imaginables.

Ce qui a marché il y a deux ans avec Dâm-Funk, on sait que ça marche avec Pharrell Williams. Ou que ça marchait plutôt pas mal par le passé: "Drop It Like It's Hot", "Beautiful", "It Blows My Mind"... Autant de titres qui ont eu beaucoup de mal à passer inaperçus, tant l'osmose était parfaite. J'emploie le passé à dessein: on aimerait évidemment comprendre pourquoi les deux zozos ont attendu que leurs discographies respectives sentent le vieux slip pour se décider à accoucher d'un album à quatre mains. Mais comme on n'est pas là pour jouer les gardiens du temple aigris (on l'a déjà fait en autopsiant le dernier Skateboard P), on va plutôt tâcher de prendre cette collaboration pour ce qu'elle est: des retrouvailles de copains. Tardives, certes, mais des retrouvailles quand même.

BUSH, c'est d'abord une première (très) bonne nouvelle: en choisissant de reprendre l'histoire à partir de 7 Days Of Funk plutôt que Doggumentary, Pharrell a bien compris qu'aujourd'hui un album où Snoop Dogg rappe c'est aussi stérile qu'un featuring de French Montana. C'était pas gagné et on l'en félicite. L'autre bonne nouvelle, c'est qu'en dépit du cahier des charges qu'il s'est imposé, il s'est passé de nous faire dix resucées de "Get Lucky". Il nous épargne ainsi un album de funk préfabriqué façon Random Access Memories et embrasse les productions rondelettes d'un Nothing.

À l'instar du dernier N*E*R*D, BUSH est plaisant, peu aventureux et très rondouillard. Dire que sa date de péremption ne dépassera pas l'été relève donc de l'évidence. Difficile pourtant de bouder son plaisir face à ce qui ressemble à un album des Neptunes en préfabriqué: on trouve ici suffisamment de synthés à la sauce Vice City, de 808 pimpées et de refrains catchy. Et si vous saupoudrez le tout d'une panoplie de featurings, de Gwen Stefani à Kendrick Lamar, vous aurez bien assez d'arguments pour conclure que le travail est fait sans trop forcer. On en place quand même une pour Charlie Wilson, présent sur à peu près 99% du disque, qui n'est malgré tout cité qu'une seule fois en qualité de featuring. On pense à toi mec, l'histoire jugera. 

Le goût des autres :
7 Amaury L 5 Titus