BP2
Benjamin Paulin
On peut sortir trois disques de rap dans la plus totale indépendance, au fin fond de la rue Joseph-Dijon, dans un XVIIIème arrondissement parisien que l'on vénère - peut-être dans le regret d'être né blanc et de bonne famille - et puis, à l'aube de ses 30 ans, tout envoyer valdinguer pour se lancer dans la Chanson. C'est en tout cas ce qui est arrivé à Benjamin Paulin, fils-de fasciné de hip-hop, ex-membre du groupe Le Puzzle (Puzzle, 1999 ; Viens m'chercher, 2006) et rappeur solo intermittent (Le vrai Ben - Suicide commercial, 2008).
Après des nuit blanches à chantonner sous la couette, une mauvaise maquette atterrit sur un bureau chez Universal : bingo, il enregistre un premier album chanté (L'homme moderne, 2009) qui reçoit, à défaut d'un succès commercial, un beau succès d'estime : on loue son ironie, on le compare à Dutronc (père, entendons nous). Juin 2012, Ben est loin, le chanteur s'est complètement réapproprié son nom de naissance et semble trouver définitivement sa voie. BP2, son nouveau disque à paraître est prêt à chatouiller l'imaginaire des romantiques et l'esprit des petits malins. Paulin s'y fait charmeur et rieur, et s'éloigne du one-man show quasi permanent auquel il s'était réduit, à force d'user et d'abuser de son sens de la formule de gamin trop cultivé.
Le rap? Il l'a dépassé à toute vitesse, sur la voie de gauche du périphérique parisien, Chante-France à fond. Navigant dans les eaux troubles de la pop eigthies, Benjamin Paulin chante l'amour comme savaient le faire Étienne Daho ou Alain Bashung dans leurs grandes heures mainstream. Toujours dans ce registre de variété impressionniste, « Variations de noir » emporte, convainc. Attention, le chanteur n'a pas tout perdu de son humour, « Les fleurs en plastique sont éternelles » ou « Tout m'est égal » en sont la preuve. Bref, l'homme moderne est devenu l'homme GQ. Et maman adore.