Blue Chips 7000
Action Bronson
Si le nom d'Action Bronson circulait déjà en 2011 (le sous-estimé Dr. Lecter n'a pas pris une ride), ce n'est qu'un an plus tard que le MC s'est affirmé sur la tape Blue Chips réalisée avec le producteur Party Supplies, dont le travail tout en décomplexion lui a permis d'être considéré comme autre chose qu'un gros cuistot roux qui rappe comme Ghostface Killah. Après un Blue Chips 2 tout aussi fendard et un premier album chouette mais que l'on retient plus pour ses singles (les irrésistibles "Easy Rider" et "Baby Blue") que pour sa prestation d'ensemble, et après surtout un passage par la case Vice avec l'émission F*ck That's Delicious qui a fait de lui la nouvelle idole des foodies, c'est auréolé d'une coolitude en titane que le New Yorkais écrit un nouveau chapitre de la série Blue Chips accompagné de ses usual suspects - Party Supplies n'est plus seul aux commandes et gère le gros des productions avec Harry Fraud. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Bronsolino a opté pour un rétropédalage bien salutaire, qui se traduit par un album qui va à l'encontre de la personnalité bigger than rap qu'il est devenue aux yeux de beaucoup de monde.
En d'autres termes, Blue Chips 7000 voit Action Bronson revenir à quelque chose de moins flamboyant mais plus cohérent, en n'oubliant jamais de conserver tout le côté délirant qui a toujours fait le sel de sa musique - et cela tient autant aux conneries qu'il raconte quand il rappe, qu'à sa technique vocale pour les raconter ou aux samples délirants qui leur servent d'écrin. À contre-courant des ces albums de hip hop en major qui durent des plombes, les quarante petites minutes de Blue Chips 7000 se veulent un retour aux fondamentaux du style Bronson et une vraie respiration dans un actualité rap qui a souvent un peu trop tendance à se prendre au sérieux - on passe bien dans une autre dimension quand Rick Ross fait du Rick Ross sur le luxuriant "9-24-7000" mais vu la qualité de la collaboration, il n'y aura pas grand monde pour regretter cet intermède qui sent bon le Cohiba et le Courvoisier. Et si le rap aura toujours besoin de "goofballs" qui prennent un plaisir fou à amuser la galerie, rares sont ceux qui arrivent à mettre leurs conneries au service d'un projet intelligent, bien ficelé et qu'on n'oubliera pas dans les trois mois qui suivent sa sortie. Et si on attend encore d'Action Bronson qu'il nous livre un vrai grand album, on ne peut s'empêcher de penser que c'est en poursuivant dans cette voie qu'il y arrivera un jour.