Blow

Ghinzu

Atmosphériques – 2003
par Popop, le 28 mars 2003
9

Difficile de résister aux belges en 2004. L’an passé, Venus avait déjà fait sensation avec son retour inespéré, mais cette année semble bien destinée à rester dans les annales de la musique moderne européenne. Tout a commencé doucement mais sûrement avec l’avènement de Girls In Hawai, suivis de près par Sharko, avant le retour cet été des machines de guerre Soulwax et dEUS (même si le prochain disque de ces derniers n’est attendu que pour 2005). Et puis il y a le cas Ghinzu, à la fois le plus simple et le plus complexe à cerner, et très certainement le plus excitant aussi. Ce second album, après un Electronic Jacuzzi passé inaperçu dans l’hexagone, est sorti en février dernier en Belgique et aura mis de longs mois à atterrir chez nos disquaires – avec une pochette plus politiquement correcte (l’originale présentait un homme à la tête tranchée, avec jet de sang à l’appui) et un ordre de tracklist quelque peu modifié (le single "Do You Read Me ?" passe de la quatrième à la seconde piste). Des détails insignifiants qui ne changent pas grand-chose au constat qui s’impose : Blow est un putain de gros disque de rock moderne, bien à l’aise avec l’exubérance de son époque.

Car les cinq musiciens de Ghinzu sont des tarés. Rien d’insultant dans ce propos, juste un simple fait qui englobe à la fois les personnages et leur musique. Que ce soit dans l’image qu’ils aiment à se donner (avec costumes et perruques afro) ou dans l’usage de la langue anglaise (leur détournement du mot 'voodoo'), ces types sont excessifs, toujours à la limite du mauvais goût et du cliché, mais sans jamais sombrer du côté obscur de la force. Pourtant, les flirts sont nombreux : entre les nappes de synthés poisseux qui habillent "Cockpit Inferno", le punk hystérique et premier degré de "Til You Faint" et les nombreuses références subtiles à la copulation, les belges ne font guère dans la dentelle. Pourtant, quel plaisir coupable que de se laisser porter par ces compositions où l’utilisation du piano rappelle tantôt Muse tantôt Moby, où le rock flirte avec le hard autant que le hip-hop, où les morceaux n’hésitent pas à s’étendre au delà des huit minutes et où la conviction des musiciens finit toujours par l’emporter. Comment résister à un single aussi imparable que "Do You Read Me ? " ou à une rêverie aussi amère que "High Voltage Queen" ? Et surtout, comment ne pas succomber à "The Dragster-Wave", leur "Instant Street" à eux, avec son final hypnotique et furieux ?

Ghinzu est un groupe qu’il faut aimer autant pour ses défauts que pour ses qualités. Si on aborde Blow au premier degré, il est évident que ses excès peuvent surprendre voire rebuter. Pourtant, ce sont ces références télescopées et cet équilibre souvent hasardeux qui font la force de ce classique à ranger juste à côté de The Ideal Crash et Vertigone.

Le goût des autres :
9 Jeff 7 Nicolas 8 Julien Gas 7 Amaury L