Blomma

Minilogue

Cocoon – 2013
par Simon, le 10 juillet 2013
8

En 2008, Cocoon a connu une année faste - comme la structure en connait depuis douze ans en somme. Dans une enfilade de titres produits par les plus grands, sortir l’œuvre majeure de cette année (rajoutons  le Schöne Neue d’Extrawelt) demeure comme un petit exploit, même cinq ans plus tard. Oui, cette année là, Minilogue sort son Animals, œuvre gigantesque en deux disques qui fera le choix d’explorer le sillon tech-house minimal d’un côté, et l’ambient charnelle de l’autre. Rien que ce choix montrait chez Minilogue un désir naturel de s’éloigner un peu d’un clubbing formaté, rigide, et y aller à fond dans l’audace. Le concept excepté, Animals était surtout un grande travail de composition, une sorte de troisième voie qui alignait classe, tension et imagination.

Cinq ans plus tard, on emploie donc les même mots pour décrire cette œuvre qui garnit toutes les étagères des amateurs de bon goût, et sur laquelle vous devez immédiatement vous ruer si vous la découvrez ici. Si on met de côté les EP’s produits entre temps – une dizaine en cinq ans, moyenne honorable – on a eu le temps d’imaginer ce long format comme on voulait. Pour notre part, on a été servis : on a eu droit à un truc à nouveau engagé sur deux disques (techno/ambient) et plus immersif que le précédent.

L’immersion vient du risque, celui de se caler de choisir les titres de vingt minutes comme standard. Pourtant, il faut bien ça. C’est juste suffisant pour pouvoir étirer la musique à l’infini, abandonner tous les effets de manche pour plaire uniquement sur la composition en longueur. Sur la manière de raconter vraiment l’histoire. Ce format s’explique mieux en intégrant le fait que cette deep-techno est improvisée (semi-improvisée à notre sens), qu’elle se cale une grande ligne de conduite initiale pour avancer au fil de l’instinct. Un espèce de grand magma électronique qui s’élève souvent du néant pour trouver ses très vite ses premières formes, ses kicks de darons et sa science de l’habillage. Qu’on parle de claviers jazz, d’acid en filigrane, de techno-dub ou claviers cosmiques, Blomma ne peut pas se louper, il évolue trop bien pour cela.

Il n’y a aucune démonstration ici sinon celle du talent pur. Pas de surenchère, pas de trompe-l’œil, tout est joué en plan large et le dynamisme vient de l’intérieur. Il vient de la narration même, de la volonté de créer un truc qui ne ment pas, pendant plus de deux heures. En même temps, le duo suédois a tout prouvé, et ce Blomma ne fait que confirmer, à une échelle encore supérieure, que ces gars-là sont des cadors en puissance, de ceux dont on se souviendra quand nos dents finiront par tomber. Une sorte de requiem pour une techno décomplexée, adulte et plus que jamais vivante. Forcément immanquable, donc. Et à ce stade, il semblerait bien que Minilogue vient de gifler le catalogue Cocoon, une fois de plus.