Batbox
Miss Kittin
Loin d’en pincer pour la Grenobloise, je me suis toujours demandé ce que pouvait donner un nouvel album de Miss Kittin car en éternel déçu de la période I Com, il m’arrivait encore de m’interroger sur ce plébiscite populaire incompréhensible dont est elle est la pauvre victime. Annoncée prétentieusement par une poignée de webzines démagogiques comme la nouvelle héroïne électronique, 2008 se devait donc d’être l’année de la Miss, histoire que le chauvinisme de ces médias mal intentionnés se voit taxé d’un visionnarisme aussi ingénieux que fumant.
Pour ces deux raisons, je choisirai donc de prendre ce nouvel album pour sa substance même, du Miss Kittin pour ce que Miss Kittin a à nous raconter. Et les choses commencent plutôt mal dois-je avouer : un artwork néo-gothique peu inspiré pour la pochette façon tatouage de chewing-gum, et surtout un premier single mainstream au possible (« Kittin Is High ») qui délivre des vocaux et une ambiance datant d’une époque déjà classée aux archives. Heureusement, ce faux départ qui tiendrait presque de la blague (si on ne connaissait pas le professionnalisme de la belle) laisse rapidement place à quelque chose de loin plus sérieux. Une première bombe qui va donner la couleur tout d’abord en la présence délicieuse de « Grace », ode virulente tout en guitare filtrée et enroulée autour d’une guitare basse solide et furieusement new wave.
A partir de là, on s’étonne de voir un album bourré d’influences délicieuses : de kicks early techno en nappes presque kraftwerkiennes, en passant par son electroclash parfois vieillot, Caroline Hervé parvient à trouver dans ce cocktail savamment dosé un souffle nouveau, toujours en évolution, afin de surprendre sans pour autant se dénaturer. On pourrait aussi s’attarder sur les gisements acides omniprésents, le presque folk « Wash « n » Dry », les quelques chutes de voix magnifiquement menées, les clins d’œil symptomatiques vers le son de Detroit (le foudroyant « MetalHead », « Mightmaker ») ou encore l’omniscience de cette personnalité qu’on n'a que trop peu connu aussi expressive, ce qu’il reste surtout de ces treize titres tient au final dans une forme de maturité inattendue et potentiellement attachante.
De Berlin, Detroit ou Manchester, Miss Kittin pioche une trouvaille à gauche pour la replacer à droite et créer de cette manière un album cosmopolite qui garde aux creux de ses reins ses racines françaises qui avaient fait d’I Com un album à part, bien que faussement intellectuel. Elle trouve dans ce Batbox un équilibre parfait entre le blanc et le noir, préférant au gris une palette de nuances tout en fondus. Hors de la hype donc, la Grenobloise vaut le détour et tient enfin le motif de ses ambitions du passé. Conseillé.