Barragán
Blonde Redhead
L'auteur de ces lignes confesse que contrairement à une large frange de la critique musicale actuelle, il n'a jamais été un grand fan des débuts bruitistes de Blonde Redhead (autant écouter directement Sonic Youth), mais est plutôt tombé sous le charme du tournant carrément plus pop pris par le trio depuis une poignée d'albums. Ainsi 23 et Penny Sparkle figurent à une place honorable dans la liste des disques auxquels je reviens régulièrement comme on se penche de temps en temps sur un passage d'un livre aimé, en terrain connu, en confiance. La perspective d'un nouvel effort du groupe sonnait donc plutôt agréablement aux oreilles de votre serviteur. Sans surprise, le trio cosmopolite (pour rappel des jumeaux italiens et une chanteuse japonaise qui se sont rencontrés à New-York) continue dans la voie suivie ces dernières années, mais sa musique enlève encore une couche de fringues alors qu'on la pensait déjà presque à poil. Ainsi dépouillé, ce nouvel album déroule une electronica acoustique oscillant entre jazz et folk. Mais alors qu'on est sous le charme du chant de Kazu Makino depuis bien longtemps, elle n'a plus le monopole des parties vocales sur ce neuvième album (c'était déjà le cas sur les deux précédents ceci dit), et deux des pistes chantées par Simone Pace ("Dripping" et "Mind To Be Had") font partie des meilleures de la galette, tout en étant celles sur lesquelles le groupe se montre le plus farfouilleur, enrobant ses guitares de tessitures électroniques du meilleur goût. Le clou du spectacle reste quand Kazu joue la chatte sur son toit brûlant ("Cat On Tin Roof"), groovy et paresseuse à souhait. Sans se renier, Blonde Redhead continue ainsi son petit bout de chemin, ne sacrifiant jamais son approche cérébrale de la musique mais laissant de côté les tempêtes d'électricité d'autrefois, même si sous la mélancolie, l'orage n'est pas bien loin et éclate sur scène, ce qui n'est pas non plus pour nous déplaire.