Barbara
We Are Scientists
Vu que la Coupe du Monde ne prendra fin que dans quelques jours, ça me laisse juste assez de temps pour pondre une chronique empreinte d'une certaine terminologie footballistique. En effet, pour parler des Américains de We Are Scientists, quoi de mieux que de comparer leur carrière à celle d'un joueur de football. Mais pas n'importe quel joueur.
Pour avoir une idée un peu plus claire de la situation dans laquelle se trouve ces trois gars basés à New York, il faut s'imaginer un gamin pétri de talent, dont la carrière commence sur les chapeaux de roues dans un petit club où il terrorise les défenses adverses pendant quelques années avant d'être repéré par un « top club ». Pour les gars de We Are Scientists, ce gros club s'appelait EMI et c'est sur celui-ci qu'on espérait les voir crever le plafond avec leur rock aussi efficace que consensuel, et mâtiné de post-punk. Mais on le sait, dans ces structures appartenant à l'élite mondiale, on n'accepte mal les demi ou les contre-performances. Ainsi, après un With Love And Squalor qui a quand même fait pas mal parler de lui, le groupe a tenté de se faire une place dans le « onze de base » d'EMI avec Brain Thrust Mastery, là aussi un album pas dégueulasse mais indigne d'une maison prestigieuse comme EMI, où les résultats priment souvent sur l'humain. Dans ce genre de situations, la sentence ne se fait pas attendre: le groupe perd tout intérêt au yeux de la direction, et végète sur le banc en attendant de pouvoir se relancer dans un autre club moins argenté et flairant les bonnes affaires.
C'est exactement ce qui est arrivé à Keith Murray et Chris Cain, qui ont pu bénéficier d'un transfert vers un club du « sub top » européen, j'ai nommé Pias. Ici, la pression est évidemment moindre, et l'encadrement idéal pour se refaire une santé et espérer renouer avec les sommets. Histoire qu'ils se sente à l'aise dans leurs baskets, le groupe a même été flanqué d'Andy Burrows, qui officiait jusqu'à il y a peu encore auprès d'une formation qui brille à l'international, les fadasses Razorlight, aussi passionnants à écouter que de regarder un match de l'Inter Milan. Mais on le sait, gonfler son effectif de noms ronflants n'est pas une garantie de succès, la preuve avec ce Barbara qui ne va pas vraiment aider le groupe à relancer leur carrière. Honnête, ce disque l'est à n'en point douter. Correctement produit, c'est une certitude. Par contre, quel manque d'originalité et (surtout) de panache dans le chef de nos trois rockeurs qui semblent par moments aussi passionnés par leur sujet que l'équipe de France lors de son épopée sud-africaine.
Forcément, et pour rester dans la galaxie ballon rond, l'envie de créer un parallèle avec le troupes de Raymond est énorme: dire que le talent est aux abonnés absents chez les We Are Scientists serait exagéré. Mais ce n'est que trop rarement sur Barbara qu'ils se montrent à la hauteur, donnant trop souvent l'impression d'assurer le service minimum sur des morceaux qui passent pour du sous-plein de choses: sous-Bloc Party, sous-Franz Ferdinand, sous-Futureheads, sous-TV on the Radio et on en passe. Barbara, dernière étape avant le retour vers la case départ? A moins d'un véritable sursaut d'orgueil sur le prochain effort, c'est fort possible...