Baby Darling Doll Face Honey
Band of Skulls
Band of Skulls. Avec un nom pareil, on pouvait s'attendre à récolter du lettrage gothique sur la pochette. Un cocktail d’asphalte fondu et de tessons de bouteilles… Pas tant que ça. Point de bikers à l’huile ou de rugissements caverneux. Band of Skulls résulte d’une rencontre entre trois aficionados des nuits londoniennes qui, certes, besognent un rock’n’roll musclé mais n’hésitent pas non plus à se laisser attendrir.
« It’s alright, it’s ok ! I got the time but the time don’t pay ! » Je l’avoue, j’ai commis une erreur. Celle d’aborder un album par sa meilleure chanson. Sans passer par la case départ, sans toucher 1000 euros. N’en déduisez pas que le reste s’approche du médiocre, loin de là, mais "I Know What I Am" s’impose comme une véritable petite terreur des plaines festivalières. Entonné en échos, surgissant comme un Franz Ferdinand hors de sa boîte, Band of Skulls a réalisé un hymne d’une sobriété exemplaire. Ivre d’enthousiasme, l’auditeur se voit alors contraint d’entailler toutes les huîtres du panier à la recherche de la prochaine perle. Sans vouloir gâcher le suspense, l’amateur de garage rock tendu trouvera sans doute de quoi faire bonne chaire mais ne mettra plus la main sur un joyau de cette taille.
La robustesse du groupe repose en grande partie sur le tandem vocal constitué par Russell Marsden, pour lequel la comparaison avec Jack White semble inévitable, et Emma Richardson, petite soeur égarée de Karen O ou Chrissie Hynde. Piloté par cette bête à deux têtes, le trio ouvre d’épatantes perspectives de dialogues. "Light of the Morning" et "Death By Diamonds And Pearls" témoignent ainsi d’un acharnement rappelant les récentes oeuvres de Dead Weather.
Si certains morceaux manquent quelque peu de carrure – sans être repoussantes, les balades "Fires" et "Cold Fame" ont l’inconsistance d’une pizza réchauffée au micro-ondes – Baby Darling Doll Face Honey promène un rock chaleureux qui ne néglige pas ses mélodies. Une fraîcheur bienvenue semblable à celle qui a porté les Kings of Leon jadis, avant qu’ils ne se débarrassent de leur moustache et de leurs attributs virils par la même occasion.