Babel

Mumford & Sons

Island – 2012
par Denis, le 5 octobre 2012
5

Mumford & Sons, c’est un peu le genre de groupe dont on risque de découvrir dans quelques années qu’il a été créé de toutes pièces par Urban Outfitters Inc. Pas uniquement parce que les types rassemblés autour du leader Marcus Mumford s’affichent volontiers avec le même genre de t-shirts distendus et gilets douteux que la société susmentionnée te revend à cinquante fois son prix de revient sous prétexte que c'est vintage. Non. Il faut aussi invoquer le fait que le quatuor londonien est fichu de proposer une sorte de mélange entre folk et country qui a le mérite de se laisser aussi bien écouter en traversant l’Oregon au volant d’une Buick Century de 1989 qu’au rayon chemises à carreaux d’un magasin de fringues. Et comme cette dernière situation est bien plus fréquente au quotidien que le road trip sur la côte ouest, on ne s’étonnera pas du fait que des disques comme ceux de Mumford & Sons soient mis en vente juste à côté dudit rayon chemises, avant l’étalage des bonnets à pompons et des mugs décorés d’une moustache ironique.

Mais bon, si on vous parle de Mumford & Sons, c’est moins pour dénoncer par la bande les hypothétiques logiques sournoises du plan marketing de l’un des grands noms de l’industrie textile que parce que les gaillards viennent de pondre un deuxième album, intitulé Babel et doté d’une bien vilaine cover. Comme sur la première plaquette, tout cela déborde de banjo, mandoline et contrebasse (le verbe déborder prenant tout son sens dans le cas du single "I Will Wait", qui s’ouvre comme un festival de country sous un vieux chapiteau puant la bière).

Mais, contrairement à ce qui émanait de ce premier essai, on sent moins, cette fois-ci, la volonté de collectionner les singles accrocheurs. Dès lors, on a un peu moins l’impression d’écouter tout le temps la même chanson (encore qu’on ne voit pas bien ce qu’un titre comme "Holland Road" apporte de neuf, par exemple), mais on perd aussi l’intensité sympathique qui émanait de Sigh No More. Et si l’ensemble est, cette fois encore, relativement bien ficelé, il n’a, outre son manque d’éclat, plus l’avantage de la surprise, ce qui fait qu’on se lasse assez rapidement de ce Babel définitivement trop uniforme pour s’autoriser un tel titre. Pire même, on en vient franchement à se prendre l’envie d’exploser ce foutu banjo, omniprésent et qui ne s’interrompt, trop brièvement, que durant les deux minutes de "Reminder", balade dépouillée intervenant à point nommé avant la crise.

Du coup, au moment de reprendre ma Buick pour filer vers le Nevada, je remets plutôt Sigh No More et ses hymnes pour stades que Babel dans mon lecteur. Mais ça reste un choix par défaut : si t'as autre chose sous la main, je te suis.