At The Controls
M.A.N.D.Y
Il n’avait pas fallu attendre longtemps pour voir la renommée du premier volume de la série de compilations At The Controls monter en flèche, et pour cause, la sélection de James Holden était d’une rare qualité, démontrant ainsi toutes les qualités d’un producteur épanoui, créateur d’une musique sans complexes. C’est maintenant au tour du duo allemand M.A.N.D.Y (Patrick Bodmer & Philipp Jung), créateur du label Get Physical (aux cotés de Booka Shade et Dj T), qu’il appartient de prouver au monde musical la pertinence de cette jeune filière en devenir que sont les compilations At The Controls.
C’est en jetant un rapide coup d’œil à la jaquette que j’ai saisi que je tenais là une petite perle tant la tracklist est jouissive. On retrouve ici réunie la crème de la crème du registre electro-minimal : My My, Booka Shade, Lindstrom, Matthew Dear, Ricardo Villalobos, Claude VonStroke, Jennifer Cardini ou encore Shonky ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Autant dire que si le contenu est à la hauteur de la sélection, ça va être bonnard mes amis ! Au programme, une enfilade de titres qui se complètent à merveille, qui reprennent là exactement où le titre précédent s’est arrêté, donnant au final le sentiment d’assister à la narration d’une histoire aux contours protecteurs et infiniment poétiques. Chaque mélodie est soigneusement pensée, pour être ensuite calée à l’endroit où sa présence sera la plus requise. Alliant surprise et efficacité, le duo ouvre les portes d’un mix rêveur, qui n’aura d’égal que sa propension à plaire par sa simplicité et son bon goût. Définitivement hors du temps, ce double album impressionne par sa sobriété malgré l’exigence (toute relative pour les amateurs de minimal) de sa composition. Car on est bien en présence d’un disque respectant intégralement les codes du genre, mais ne restant pas moins une occasion rêvée pour les non-initiés de découvrir le pouvoir hautement addictif produit par une poignée de basses chaudes et rondelettes. Le deuxième disque se prévaut d’une sélection tout aussi alléchante que le premier, sondant les bas-fonds d’une musique qui se fera plus deep, parfois mid-tempo mais tout autant excitante. Les premiers titres auront de quoi étonner : l’entrée en scène quasi symphonique suivie par des titres plus jazz ou funky prouve à nouveau qu’on est bien dans une œuvre dénuée de complexes, étonnante pièce mise en scène avec savoir-faire et passion. Ici, pas de basses fracassantes ni de samples bruitistes, tout est mis en œuvre pour mettre l’auditeur en confiance pour mieux le transporter dans les confins d’une musique obsédante et résolument intimiste.
Le sens de la mélodie et le pouvoir d’évocation sont au centre de cette entreprise, à tel point que l’auditeur se rendra vite compte qu’il a décroché de toutes considérations autres que la basse qui lui transperce les tympans. Et c’est bien là que réside toute la substance de ce mix énorme : sa faculté d’arrêter le temps, de s’ouvrir à d’autres horizons le temps d’un disque (vous comprendrez que l’écoute au casque ou au travers d’un bon soundsystem est vivement conseillée), bref c’est un sans-faute qui nous est proposé ici.
Avec cette nouvelle sortie, le label Resist, à la base de l’initiative At The Controls, consacre le fait qu’il faudra compter avec ses compilations dans les temps à venir, et tant que les artistes officiant dans cet exercice tiendront une ligne de conduite si droite, on aura peu de chances de voir la déception pointer le bout de son nez. Stop, Look and Listen.