Asakusa Light
Soichi Terada
Niveau retournement de situations, cette pandémie aura été plus généreuse en 18 mois que Games of Thrones en 7 saisons. Pour les clubs par contre, c’est le contraire : la situation est plus prévisible et déprimante qu’une mauvaise comédie française. Et c’est cet interminable statu quo, qui n’aura été perturbé que par une courte période de relâchement, qui pèse sur tous les acteurs du milieu, au premier rang desquels les artistes et le public qui consomme leur musique : il devient de plus en plus difficile de penser la musique de club quand cela va bientôt faire deux ans que les perspectives sont bouchées – ça pourrait s’améliorer en France, c’’est toujours le brouillard en Belgique.
Aussi, aujourd’hui la tentation d’écouter autre chose qu’une musique dont on ne peut de toute façon pas profiter dans le contexte pour lequel elle a été pensée est évidemment grande. Mais on garde toutes et tous dans le coin de notre tête ce disque qu’on espère entendre quand on refoutra les pieds dans notre club favori, cet artiste avec lequel on aura envie de partager ce chouette moment : pour l’auteur de ces quelques paragraphes, le DJ et producteur de house Soichi Terada figure en bonne position, aux côtés d’Avalon Emerson, Gerd Janson et Antal.
Ce dernier, justement, a joué un rôle déterminant dans la carrière du producteur tokyoïte en sortant en 2015 sur son label Rush Hour Music Sounds From The Far East, une compilation de toute première bourre élaborée par Hunee et permettant de se faire une bonne idée du caractère de ce producteur dont la musique a le don de mettre de bonne humeur même les plus chagrin des esprits depuis les débuts des années 90. C’est particulièrement évident quand Soichi Terada est derrière les platines, mais cette énergie positive infuse vraiment tout son travail, et Asakusa Light permet de comprendre que les années n’ont en rien entamé sa volonté farouche d’être dans le partage le plus total - une vision qu'il partage avec celui qu'il considère comme son héros, le grand Larry Levan.
Il faut savoir que hormis quelques incursions dans le monde merveilleux des BO de jeux vidéos, Soichi Terada avait plus ou moins pris ses distances avec le music biz. Pourtant, au terme de 18 mois d'un travail mémoriel acharné, il y revient avec une motivation intacte, et ça se ressent immédiatement dans cette house, câline et éminemment mélodique, qui ne manquera pas de faire des ravages, un jour, dans les clubs. Bref, peut-être pas le comeback le plus attendu de 2022, mais d’ores et déjà l’un de ceux qui nous procurent le plus grand plaisir d’écoute.