Arthur Rambo
Chloé Thévenin
Arthur Rambo, c’est l’histoire de Karim D, jeune écrivain engagé au succès annoncé, mais qui sous son alias poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux. Une histoire presque vraie, celle de Mehdi Meklat et celle du dernier film de Laurent Cantet (palme d’or en 2008 pour Entre les murs) dont la sortie, repoussée comme tant d’autres, est finalement annoncée pour le 2 février. Un huitième long métrage mis en musique par Chloé Thévenin.
Il y a de la musique et il y a des images. Ces images en mouvement que nous n’avons pas encore vues, que nous ne pouvons qu’imaginer, connaissant le réalisateur, connaissant le sujet. Pourtant, ce disque, qui offre en apparence bien peu, dit énormément.
Bien peu, car, comme le dit justement le dossier de presse (et permettez-nous, la chose est rare, de le reprendre ici), riche “de sons éthérés, d’une écriture en permanence au bord de l’abstraction”. Quelque chose, quelqu’un (Chloé elle-même ?) semble en permanence retenir la tension, arrêter la main qui voudrait, ici accentuer la basse, là accélérer le rythme. Une éloge du calme, mais surtout, de la confiance faite à l’auditeur·rice, qui ici, n’a besoin que de ses pensées pour pénétrer l’histoire.
Arthur Rambo, la bande originale, est aussi beaucoup, énormément (mais jamais à la folie). Comme le disait Chloé Thévenin elle-même, au micro de France Culture : “à travers la musique, à travers la nuit, je rêve de transmettre grâce à une musique ouverte, mais exigeante, une musique dans laquelle chacun peut se reconnaître parce que la musique est puissante, c’est une source inépuisable de sensations et d'émotions. La musique crée un état méditatif, l'abandon de soi. C'est comme un rêve éveillé qui révèlerait un peu le sens caché du monde”.
Accompagnée de Gaspard Claus, violoncelliste de génie, fils de l'illustre guitariste flamenco Pedro Soler, bidouilleur génial ayant accompagné Rone, Bryce Dessner, Barbara Carlotti, Serge Teyssot-Gay, Peter Von Poehl ou encore Keiji Haino, Chloé parvient, par la seule force de la composition, à créer un monde. Un monde tout à la fois BO (avec donc ses étapes obligées, ses règles) et jeux, tentatives. Un Univers fait de violoncelles qui s’entrechoquent, de nappes sans fin, de divagations presque, osons le mot, pop. Un ensemble touffu et cohérent, tout autant que sobre et déroutant. Pas une mince affaire.