Art Brut Vs Satan

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, soyez les bienvenus dans la maison de Dieu. Si nous sommes réunis aujourd’hui autour de la très sainte chaîne stéréo, c’est pour accueillir tous ensemble la parole divine. Alors que Satan s’est réincarné sur Terre sous la forme la plus vile qui soit – la civilisation occidentale et ses affreux gratte-ciels qui osent tutoyer le domaine réservé du Très Haut – il est important que vous sachiez que le tout-puissant ne nous oublie pas. Il nous a même fait le don le plus précieux qui soit : il nous a envoyé son fils, Eddie, la chair de sa chair, le sang de son sang.

Entouré de ses fidèles apôtres télévangélistes, le très saint Eddie a déjà écrit deux grands chapitres du TNT (Tout Nouveau Testament). Le premier, Bang Bang Rock’n’Roll, a trouvé une résonance particulière dans le cœur de milliers de fidèles à travers le monde : des groupes se sont formés par dizaines, plein de petits frères se sont éveillés à la musique, et L.A. a été repeuplé en un bon weekend. Bien sûr, le second chapitre a été un peu plus compliqué à aborder et a pu déstabiliser les plus fragiles de nos ouailles avec ses miracles qui sentaient le réchauffé - malgré une multiplication des Nag franchement impressionnante.

Que dire au moment d’ouvrir ce troisième chapitre ? L’honnêteté et la sincérité me commandent de dire : refermons-le au plus vite ! Car, mes bien chers frères, mes biens chères sœurs, si Dieu ne nous a pas oublié en nous envoyant sa Sainteté Eddie pour la troisième fois consécutive, il s’est en revanche bien foutu de notre gueule ! Pensait-il que nous n’y verrions pas clair dans cette accumulation de proverbes éculés et de bonnes paroles faciles ? "Alcoholic Anonymous" ? Un trucage grossier que l’on voudrait faire passer pour la transformation de l’eau en vin. "Mysterious Bruises" ? Les traces de bic rouge en guise de stigmates, c’est bon pour les gamins, et encore. "Demons Out !" ? Vade Retro Argos, plutôt !

C’est une épreuve bien difficile que le Tout-Puissant nous envoie là pour tester notre foi. Mais en nous prenant par la main, nous pouvons chasser le malin qui s’est réincarné sous les traits du fils du créateur et s’est acoquiné avec le vil Franck Black. Alors, tous ensemble, appuyons sur le bouton ‘off’ de la très sainte chaîne stéréo et faisons notre deuil d’Art Brut. Allez dans la paix du rock. Amen !