Applause
Balthazar
Aujourd’hui, quelle image la Belgique renvoie-t-elle à l’étranger ? Probablement celle d’un pays qui met plus de temps à trouver un gouvernement que l’Irak, plombé par les divisions entre francophones et néerlandophones. Evidemment, dans les faits, ce nationalisme de pacotille et ces envies de division se limitent surtout à quelques politiques qui amassent les voix de gens pourtant loin d’envisager une scission du pays. Par contre, musicalement, le rideau de chicon qui sépare Flandre et Wallonie n’a jamais été aussi épais. Et si un respect mutuel est de mise entre artistes du Nord et du Sud, il est pour ainsi dire impossible de percer dans la région de l’autre. Pour vous donner une petite idée de l’absurdité de la situation, le rédacteur de ces lignes, francophone bruxellois, n’apprend la sortie de cet album de Balthazar que parce qu’il bénéficie d’une sortie européenne en ce mois d’octobre - six mois après une sortie "flamande" remarquée.
Si l’on a souvent l’habitude de critiquer le rock belge pour sa déplaisante frilosité et sa propension à penser que c’est en copiant les Anglais ou les Américains que l’on arrivera à quelque chose de bien (ou au moins de vendeur), force est de constater qu’une telle attitude a régulièrement permis d’accoucher d’albums capables de faire jeu égal avec nombre de groupes qui n’auraient jamais bénéficié d’une telle exposition et d’un tel succès s’ils ne venaient pas de Londres ou de New York. C’est justement dans cette état d'esprit que se complait le Applause de Balthazar. Pas un riff, pas un arrangement, pas un effet de manche qui ne renvoie pas à un disque clé du Petit Précis du rock moderne anglo-saxon. On retrouve éparpillé dans ces onze compositions où groove primaire et pop plus alambiquée s’entrechoquent gaiement des petits bouts de Gorillaz et de dEUS (pas étonnant qu’ils les aient emmenés sur leur tournée européenne), mais aussi de TV on the Radio ou des Arctic Monkeys. Pourtant, malgré une palette d’influences très large et complètement assumée, jamais le groupe flamand ne semble perdre de vue son objectif premier : écrire de bonnes chansons.
Résultat des courses : malgré une versatilité qui aurait pu jouer en sa défaveur, ce premier album de Balthazar est suffisamment bien écrit pour que le groupe continue d’être affublé de l’étiquette de « grande promesse du rock belge ». Reste maintenant à savoir si ce premier effort doit être considéré comme une intéressante carte de visite avant plus d’originalité ou comme l'humble prélude à carrière réussie mais peu ambitieuse. Dans un cas comme dans l’autre, on se fera un plaisir de venir aux nouvelles pour le petit second.