Appalling Ascension
The Ominous Circle
Il est assez fascinant de voir à quel point la scène metal a toujours offert des possibilités infinies de digging sauvage. Tant et si bien qu’il est aujourd’hui communément admis que l’essentiel de la scène se passe ailleurs que dans les grandes structures. Car si les écuries rutilantes que peuvent être Relapse Records, Profound Lore ou Southern Lord ont pour habitude de signer les groupes une fois que ceux-ci ont atteint un certain niveau de visibilité, le véritable travail est toujours réalisé en amont par des centaines de labels indés – et croyez-nous, on pourrait passer une journée à tenter de tous les nommer.
En somme, le cœur du metal jeu réside dans la fange des labels plus ou moins gros qui fonctionnent en cellules de recrutement comme peuvent le faire des clubs de foot comme le FC Bâle, Porto ou Benfica ; avant de mieux revendre leurs pépites pour des sommes folles aux faiseurs de hype que sont Manchester City, le Real de Madrid et la Juventus. Partout, la même logique semble se répéter. Et si les grosses machines ont dès lors ce souci de rendre tout absolument guerrier (parfois au-delà de l’utile), de vendre de la tournée et du merchandising, on célèbrera toujours plus des labels comme Iron Bonehead qui vont chercher Altarage pour l’album de l’année, Voidhanger qui fait découvrir Skáphe au monde ou Sentient Ruin qui fait de VRTRA une des plus grosses promesses de la scène.
L’histoire de The Ominous Circle, c’est très exactement celle-là. À savoir celle d’une formation portugaise inconnue au moment de sortir son premier album, hébergée par un label dont on connait toutes les qualités de curation – 20 Buck Spin a tout de même sorti les albums de Oranssi Pazuzu ou de Khemmis en 2016. Et clou du spectacle, Appalling Ascension fait immédiatement l’effet d’une bombe au cœur de la scène. Peut-être parce que ce premier album n’a rien d’un coup d’essai: il se joue comme un disque de vétérans, avec une énergie, une cohésion et un allant digne des plus grandes formations de death/doom.
Le son de The Appalling Ascension est compact, dominant, tyrannique ; les vocaux growlés sont terrifiants de maîtrise ; les guitaristes envoient au choix des solos de thrash ou de heavy et la structure générale s’offre toute les libertés dont elle a besoin pour respirer à pleins poumons. À tous poins de vue, ce premier album de The Ominous Circle respire l’intelligence dans l’action, l’étonnant recul sur son art et la maîtrise dans la construction. Tout cela donne des cathédrales de son absolument divines, des murs de violence totalement sous contrôle, un déroulé d’ambiances suffocantes incroyablement équilibré. Appaling Ascension est tout simplement un premier disque incroyablement mature, inspiré et prometteur. Si vous aimez Zhrine ou Ulcerate et que vous éprouvez un plaisir certain à ne pas découvrir les choses une fois qu’elles sont devenues bien lisses et mainstream, c’est ici que ça se passe et nulle part ailleurs.