Animal
Mc Luvin
Un groupe dont le nom ressemble à s'y méprendre à celui d'un des meilleurs personnages du cinéma américain de ces dix dernières années gagne forcément à être connu. A plus forte raison lorsqu'on retrouve aux manettes de celui-ci un certain Drixxxé, pilier du hip hop français indépendant avec Triptik, reconverti le temps de trois albums bien fendards en roi du bootleg sudatoire. Pour l'aider dans cette entreprise, le beatmaker parisien s'est acoquiné avec Gystere, « singer, compositeur, pianiste, motherfucker » à en croire le communiqué de presse nous vantant les mérites du groupe. McLuvin donc, une entité sur laquelle on garde un œil attentif depuis que le single « Animal » nous a chatouillé les guiboles l'été dernier. Et dont le premier album a mis longtemps à débarquer dans nos bacs.
Mais ce n'est pas grave, le soleil pointe enfin le bout de son nez et on compte sur nos deux compères pour se muter en bande-son idéale de nos délires avinés des beaux jours à venir. Pour ce faire, le duo Drixxxé/Gystere ratisse large et ne se gêne pas pour manger à tous les râteliers. En effet, McLuvin ressemble avant tout à un grand laboratoire d'idées où les deux gaillards se plaisent à jouer avec une tonne d'influences, trop nombreuses pour être ici citées. Mais si l'on devait en retenir deux, ce serait les joyeux drilles de Chromeo, pour le côté décalé et peu cheesy de l’exercice, et les géniaux – quoiqu’en perte de vitesse – Neptunes pour certains tics de production. Alléchante entreprise donc, qui donne cependant des résultats mitigés. C'est bien simple: si la première moitié du disque symbolise bien ce que l'on attend d'un album qui puise dans le passé pour produire des titres pop(ulaires), généreux dans l’effort et complètement dans l'air du (bon) temps, Animal démontre dans son dernier quart d'heure, malgré une production clinquante, le songwriting est un art périlleux qui ne tolère pas la moindre baisse de régime.
Et forcément, on se demande à l’arrivée comment deux mecs qui nous ont pondu des tubes de poche aussi efficaces que « Thirsty », « Animal » ou l’irrésistible cavalcade synth-ska « Spend An Afternoon » peuvent nous pourrir la fin de disque avec des semi-ballades dont le manque cruel d’inspiration rend le côté très second degré de la chose carrément indigeste – là où le côté très « Everly Brothers 2.0 » de « I’m So Cool » ou les réminiscences boumesques de « Song For A Friend » passent comme une lettre à la poste en début de disque. Dommage donc...