Always Ascending
Franz Ferdinand
Premier album de Franz Ferdinand en cinq ans, Always Ascending est le disque du renouveau pour les Écossais. En 2015 déjà Alex Kapranos et les siens avaient surpris leur monde le temps d'un album collaboratif avec Sparks curieux mais plutôt réussi - et qui démontrait surtout que les similitudes entre les deux formations étaient autrement plus évidentes sur disque qu'à l'annonce de la collaboration. Aujourd'hui les gars de Glasgow affirment carrément vouloir se réinventer tout en promettant de retrouver la candeur et l'immédiateté de leurs glorieux débuts. Une gageure, surtout que leur première galette reste un sommet indépassable, classique immédiat à sa sortie en 2004, et qui a écrasé depuis le reste de leur production.
Ce pari du renouveau n'est pourtant pas loin d'être remporté. En 2013 Right Thoughts, Right Words, Right Action était un peu faiblard mais déjà parcouru de fulgurances ("Love Illumination"), et portait déjà les prémices de la mue qui aboutit aujourd'hui à Always Ascending, Cette fois, peut-être à cause du départ du guitariste Nick McCarthy et la remise en question nécessaire qui a suivi, le groupe va au bout de la dynamique, se lâche vraiment, et ça se sent. Les petits « han » lancés par Kapranos dès le morceau introductif ne laissent guère de place au doute: ce cinquième album sera marqué par la moiteur du dancefloor et des corps en transe.
Outre le départ de leur guitariste originel donc, FF a fait le choix de laisser une large place au producteur Philippe Zdar, qui leur construit une cage sonore synthétique tout en les poussant à grand coups de pieds au cul à retrouver l'excitation de leurs premiers singles. Le disque lorgne ainsi sans vergogne du côté des belles heures du label DFA et de ses têtes de pont The Rapture et LCD Soundsystem. L'évolution est telle que le groupe revendique même en interview le fait de sortir aujourd'hui un « deuxième premier album ». Ne nous y trompons pas, si la fraîcheur est bien là, la maturité et la maîtrise se ressentent à tous les coins de la production et du mixage, et on sent la patte d'une équipe qui a de la bouteille, mais a pris son pied à se mettre en danger.
Du côté du chant, Kapranos ose de nouvelles choses au micro, tirant sa voix dans les graves, se faisant caressant sur certains titres tout en conservant le sens de la formule qui faut mouche ("Lazy Boy", "The Academy Awards"). Après une série de disques inégaux sauvés de la banalité par leurs singles, Franz Ferdinand libère les énergies sur un album qui les voit se débarrasser de leurs oripeaux so british un peu guindés pour aller se dandiner en toute liberté sur le dancefloor. Pas un coup de maître, mais un coup gagnant.