Album Of The Year

Black Milk

Fat Beats – 2010
par Bahi, le 5 octobre 2010
8

On vous l'avait annoncé il y a quelques temps sur Goûte Mes Disques: Black Milk revient sur le devant de la scène médiatique avec un nouvel opus sobrement intitulé Album Of The Year. Pas forcement relayé par les gros médias, le bonhomme fait pourtant partie de ces artistes qui mériterait son lot d'attentions. En effet, Black Milk compte parmi les acteurs majeurs de la scène hip hop de Detroit, fort de son expérience au sein du groupe Slum Village et de ses nombreuses collaborations. Et s'il a effectivement souvent revêtu la casquette de beatmaker dans ses projets passés, les mauvaises langues diront qu'il la portait mieux que celle de emcee. Qu' importe les « on-dit », le jeune homme de Motor City nous revient en 2010, son cinquième album solo sous le bras.

Comme tout bon rappeur de Detroit qui se respecte, Black Milk couche sur cet album des instrus très soignées, et il s'avère alors difficile de trouver un morceau en dessous du lot. En plus de cela, il parvient à doter son album d'une signature, d'une réelle empreinte, dessinée par la batterie présente sur chacune des chansons. Non seulement elle permet de rythmer efficacement les sons, mais elle donne d'autant plus d'authenticité à ce disque, tout en affirmant le statut de Black Milk au rang de valeur sure à la production. Certains apprécieront, d'autres moins, ce recours quasi excessif aux drums, mais une chose est sure, Curtis Cross est un excellent musicien, et cela mérite d'être souligné. Tout en étant très régulier, cet opus donne l'impression de monter en puissance, l'intensité de chaque track se faisant ressentir au fur et à mesure de l'écoute. On ne tombe pas pour autant dans le rap soporifique: le emcee/producteur parvient à changer de registre grâce à un savant usage de ses instruments, mais également de ses guests, à tel point que chaque présence de voix ou de sonorité paraît scientifiquement justifiée. Cette alchimie se produit notamment sur "Closed Chapter", l'ultime piste de l'album, où le refrain de Mr Porter s'insère avec justesse sur le riff qui structure cet happy ending. A l'instar de ce featuring, cet album est un pur produit de Detroit, et on tombe presque dans la musicommunautarisme lorsque l'on se rend compte que chaque invité de l'album en est issu. D'ailleurs, il signe à l'aide de ses deux compères, Royce Da 5'9 et Elzhi, un morceau logiquement intitulé "Deadly Medley", qui apparaît comme le morceau phare de cet "album de l'année".

Du fait de son contenu et du travail accompli, Album Of The Year est un réel pied de nez aux productions actuelles qui puisent trop souvent leur inspiration dans les mêmes sonorités synthétiques, un brin vaines. Black Milk préfère lui proposer un album aussi dense que suave, dans la lignée des meilleures galettes du Michigan, et qui contentera à coup sur les oreilles en manque de bon son hip hop.

Le goût des autres :
7 Soul Brotha 6 Thibaut