Afton
Anni Rossi
A une époque pas si lointaine que cela, en consultant la jaquette arrière d'un disque, un rapide coup d'œil sur le nom du label suffisait à vous donner quelques premières indications quant à l'orientation musicale de la gallette en question. Sub Pop répondait aux besoins du club des jeans déchirés/chemises de bûcheron, Epitath se spécialisait dans le punk californien bête et pas bien méchant ou 4AD faisant dans le genre de rock alternatif qui met constamment vos méninges à contribution. Aujourd'hui, Sub Pop signe CSS ou The Postal Service, Epitath recrute des rappeurs comme Busdriver ou Sage Francis et 4AD ne se gêne plus pour faire dans l'antifolk, comme en témoigne la dernière signature en date du label, Anni Rossi.
En effet, tout sur le premier EP d'Anni Rossi évoque les grands critères qui définissent le genre: la voix bizarroïde (on pense tout de suite à un croisement entre Joanna Newsom et Regina Spektor), les structures plutôt libres et la simplicité attachante de l'ensemble. Dans le cas de cette native de Chicago, c'est autour d'un violon et d'une voix ensorcelante que se construisent les six titres qui constituent Afton. Sortes de montagnes russes squelettiques, les compositions d'Anni Rossi prennent un malin plaisir à jouer avec nos pieds et nos émotions, passant sans crier gare de la joie à la tristesse, de la déprime à l'allégresse. Dix-neuf minutes, c'est certes court pour juger du talent véritable d'un artiste, mais les six titres que compte Afton sont suffisamment bien écrits et interprétés pour que l'on parie quelques kopecks sur cette jolie frimousse dont l'album est déjà prévu pour 2009.