After The Disco

Broken Bells

Columbia – 2014
par Maxime, le 11 février 2014
7

On se souvient du premier album de Broken Bells en 2010, résultat plutôt excitant de ce que pouvait donner la rencontre entre le producteur touche-à-tout Danger Mouse et James Mercer, le leader des bien-aimés Shins. Résultat : une pop fraîche et inspirée, portée par une poignée de singles efficaces ("The High Road", "The Ghost Inside"). Ce qui pouvait à première vue ressembler à une escapade sans lendemain se révèle finalement être un projet autrement plus consistant, puisque voilà que le duo signe un retour avec l’attendu After The Disco, savamment teasé depuis quelques mois.

Il faut dire que précédé par l'excellent "Holding On For Life", titre envoyé en éclaireur en novembre dernier, ce nouveau projet des deux Américains avait largement attiré notre attention, d’autant que chacun de leur côté les deux loustics ne brillaient pas de mille feux ces derniers temps. Le retour de Broken Bells est donc le bienvenu, et à la hauteur des attentes qu’il suscitait. Plus rythmé que le précédent, After The Disco s’écoute d’une traite, de l’énergique ouverture "Perfect World" jusqu’au dernier de ses onze titres.

Plus encore qu'avec leur premier effort, dont la pop délicatement ouvragée confinait à la légèreté, on distingue l'envie que les deux compères ont de vouloir ancrer leur propos dans un contexte musical plus vaste. Ainsi le disque commence par enterrer les paillettes et les boules à facettes ("After The Disco") pour mieux raviver la flamme du rock ("The Remains of Rock & Roll" et sa chouette intro orchestrale très Danger Mousienne) dont la mort n’a cessé d’être clamée depuis deux décennies par tous ceux qui en vivent - et qui nous rappelle dans le son comme dans la démarche le "Rock 'n Roll People in a Disco World" des géniaux Sparks.

Au-delà de cette mise en perspective, le plaisir à l'écoute de la galette reste sensiblement similaire à celui que Broken Bells nous a déjà fait éprouver par le passé, une matière travaillée pour un résultat soyeux qui aura le mérite de faire consensus, de la presse spé aux réalisateurs de spots de pubs pour voitures. Impossible de ne pas s’évader en écoutant cette bande son idéale de fin de nuit, de lendemains calmes de soirées dont ne restent par contraste que quelques effluves. Mais il est aisé également de passer à autre chose sans garder plus qu’un souvenir un peu enivré de ce disque.

Le goût des autres :