Acid Washed
Acid Washed
À la mesure des musiques électroniques, Acid Washed fait office de grosse machine. Avec si peu de références discographiques – un EP et quelques remixes oubliables, les voilà déjà à cheval sur l'étalon Record Makers, label à grand grand succès de Sébastien Tellier, Turzi ou Kavinsky. Avec une telle monture et le marketing agressif qui en découle, pas étonnant qu'Acid Washed et leur album éponyme fassent parler d'eux : tout est savamment orchestré pour que ce soit le cas, et que d'une pierre deux coups l'accueil qui en soit fait demeure poli et bienveillant. Oh nous n'allons pas tenir un discours militant et libertaire sur l'industrie musicale, c'est la pulsion de vie même des labels que de mettre leurs signatures dans les meilleures dispositions possibles. Seulement, dans le cas d'Acid Washed, il semblerait que la force d'entraînement qui soit mis au travail excède de loin l'intérêt de l'album lui-même. Pour être clair, ce disque, sans être une honte, ne mérite en rien une telle exposition unanime.
Acid Washed est un duo parisien qu'on peut décrire sans risque comme "dans le vent". Leurs productions se situent à l'exact carrefour des différentes définitions du cool contemporain. Prenez les références les plus prisées d'aujourd'hui, Moroder et Carpenter, l'axe DFA - Gomma et la tradition french touch plus ou moins vulgaire, touillez un peu et vous obtiendrez ni plus ni moins le cocktail qui vous est servi ici. On pourra vous dire qu'on oublie une épice – la fameuse touche américaine si mise en avant dans le discours promotionnel, mais soyons clair, Acid Washed n'a aucun lien de parenté possible avec Kevin Saunderson, pas plus qu'avec le moindre représentant de la techno de Detroit ou de la house de Chicago. On reste ici dans le registre de la rêverie pas très incarnée et pas vraiment crédible, du côté du fantasme de ceux qui n'en seront fatalement jamais. Il y a des bonnes choses là-dedans, l'excellent "General Motors, Detroit, America' par exemple, et d'une manière plus générale une vraie adresse rythmique. Néanmoins c'est très insuffisant pour remplir le cahier des charges promis. En fait tout cela sent un peu trop le vide, le manque d'enracinement, qu'on essaie de combler par quelques voix aguicheuses ("Snake", "Apply") et quelques synthés trop dragueurs ("Acid Washed", "Royal Soda") ; le bluff marche assez bien mais cela reste du bluff.
On voit d'ailleurs fleurir sur la blogosphère pas mal de podcasts des deux Parisiens. Le constat est sans appel : on cite plus souvent des structures comme Boys Noize Records et Ed Banger que Permanent Vacation ou Running Back. Ça ne mérite en soi pas le bûcher mais cela nous confirme une chose : Acid Washed est encore bien jeune.