Abyss
Chelsea Wolfe
Abyss arrive deux ans à peine après un magnifique Pain Is Beauty, qui voyait la belle brune aux yeux clairs sonder encore plus profondément une noirceur qui lui va si bien, le tout dans des atours plus électroniques. Ce nouvel album se devait d’être plus dépouillé, plus spontané, plus clair et moins chargé. Mais une fois en studio, ces premières intentions se sont se visiblement éloignées pour laisser place à une approche, certes plus organique, mais aussi et surtout bien plus rugueuse et bruyante. On assiste ici à un très bel alliage entre rudesse indus (dans les rythmiques, les quelques boucles qui forment le substrat de plusieurs titres), le tranchant des guitares et un traitement vocal parfait, qui vient se poser sur l'ensemble comme une plume sur un lit de barbelés.
Question ambiance générale, vous vous douterez bien qu’avec un titre tel que Abyss, ça va pas être la franche rigolade, en tous cas pas plus que cela ne l’avait été avec Pain Is Beauty. Même si le propos semble moins dur (la thématique du rêve et/ou de la paralysie du sommeil), l’album est musicalement beaucoup plus sauvage, bruyant, parfois même brutal. Les morceaux tournent globalement tous autour des 4-5 minutes, pour des descentes en apnées mouvementées, malgré quelques répits et respirations. Ce qui nous donne sans doute l'album le plus lourd et le plus dense de Chelsea Wolfe à ce jour. Vocalement c’est toujours un délice, la Californienne s’y montre plus à l’aise que jamais, déployant une palette d’une richesse peu commune. Maîtrisant aussi bien les chuchotements qu’une voix plus rugueuse, les ornementations et un élégant maniérisme que les harmonies subtiles.
On peut donc dire qu’Abyss est la confirmation de la confirmation. Autrement dit, un album qui en plus d’être déjà très bon et apportant une nouvelle flèche dans un carquois déjà bien rempli, nous promet de bien beaux lendemains. A coup sûr une artiste qui ne semble pas prête de nous décevoir.