A to Z - Annie Mac
Various Artists
Depuis l'avènement du MP3 et des plateformes P2P, le format "compilation" a pris sérieusement du plomb dans l'aile. En effet, comment s'intéresser un tant soit peu à un disque qui invariablement contiendra des titres dont on n'a que faire alors qu'il suffit de quelques clicks pour se constituer une sélection imparable et qui plus est, pour pas un kopeck. Toutefois, il est des labels, à l'image de K!7 ou Resist Music, qui continuent de miser sur la bonne vieille compilation histoire d'alimenter le tiroir-caisse. Evidemment, pour que l'opération soit un tant soit peu rentable, il est fortement recommandé de se payer les services d'un maître de cérémonie digne de ce nom ou de débarquer avec un concept susceptible d'éveiller l'intérêt d'un consommateur souvent blasé. Voire les deux à la fois.
Cette équation plutôt simple semble avoir été bien assimilée par le label londonien Sunday Best qui a confié à Annie Mac, "djette" de la BBC inconnue de ce côté de la Manche, les rênes de sa série A to Z. Le principe est assez simple et plutôt intéressant: l'artiste reçoit carte blanche à la seule et unique condition que chacun des 26 morceaux présents sur ce double disque fassent référence - et dans l'ordre - à une lettre de l'alphabet. Ainsi entre le "Everybody Loves the Sunshine" de Roy Ayers et le "ZZ" de Cut Copy, c'est une sélection mélangeant titres ayant compté dans l'éducation musicale du DJ irlandais et favoris de son émission qui se croisent pour former un mix extrêmement plaisant placé sous le sceau de l'éclectisme.
Dans l'ensemble, il apparaît rapidement que ce second volume de la série A to Z fonctionne comme la bande-son idéale du bon festivalier puisqu'on y retrouve une pléiade d'artistes ayant écumé les podiums européens cet été: qu'il s'agisse de remixes de titres de Justice, de The Knife et des Futureheads ou de compositions originales de Hot Chip, Phoenix ou Jamie Lidell, ce double album fait invariablement ressurgir cette odeur caractéristique de boue, de bière et de bédo que beaucoup ont humé ces deux derniers mois. Outre ces "classiques", Annie Mac n'oublie pas d'agrémenter son mix de quelques surprises du meilleur effet. Entre interludes décalés (le reggae de Althea & Donna, un Womack & Womack sorti de nulle part) et jolies découvertes (l'électro grand-guignolesque de Johnny Dangerous, les rythmes festifs de Ashley Beedle), les minutes s'égrènent sans que l'on se rende vraiment compte et finalement c'est bien là le plus important.
Destiné à redonner ses lettres de noblesse à un exercice en sérieuse perte de vitesse (commerciale bien sûr), le A to Z de Annie Mac remplit avec beaucoup de brio et de flair sa mission et nous donne envie de savoir comment des artistes que l'on voudrait un peu plus connus ou exigeants pourraient s'approprier le concept.