A Murmur, Boundless to the East
Yoo Doo Right
Un enregistrement par Radwan Ghazi Moumneh (Jerusalem In My Heart, Suuns) dans le mythique studio Hotel2Tango de Montréal, qu’il a notamment fondé avec Efrim Menuck et Thierry Amar, les deux principaux membres de Godspeed You! Black Emperor, forcément, ça te pose un album de post-rock. A Murmur, Boundless to the East, par exemple, second disque de Yoo Doo Right qui succède au prometteur Don't Think You Can Escape Your Purpose, premier LP du trio montréalais (tiens, tiens) sorti il y a tout juste un an, également sur Mothland.
Une année que la formation semble avoir mis à profit pour solidifier sa proposition. Là où Don't Think You Can Escape Your Purpose semblait prendre plaisir à expérimenter, à mélanger krauntrock, shoegaze, post-rock et rock psyché - comme si le groupe avait voulu libérer tout ce qu’il avait dans les tripes en une seule fois - A Murmur, Boundless to the East assume une musique toujours aussi sidérale, mais plus homogène, même dans sa radicalité.
Moins criard dans ses guitares, moins dispersé dans ses influences (toujours aussi évidentes), le groupe semble avoir digéré tous les styles précités pour mieux construire, méthodiquement, mur de son sur mur de son tout au long des cinq titres de l’album. Seules les sonorités aériennes et cotonneuses de « The Failure Of Stiff, Tired Friends » offrent un peu de répit dans cet univers constamment en tension… avant d’être écrasées par le pesant « Feet Together, Face Up, On The Front Lawn », qui conclut le disque dans un chaos maîtrisé, saturant la quasi-totalité d’un spectre sonore malmené pendant près de 17 minutes. On notera sur ce titre la présence bienvenue de Jessica Moss (A Silver Mt. Zion, Oiseaux-Tempête), dont le violon se retrouve également sur « Say Less, Do More », le morceau d’ouverture.
A Murmur, Boundless to the East est un disque sans concession, magnifié par sa production et ses allures de BO de space western. Un parti pris dont les Canadiens sortent auréolés d’une certaine forme de maturité, un an seulement après leur premier LP, et qui résulte en un album hypnotique construit sur un équilibre entre crescendos lancinants et explosions contrôlées. Et si sa radicalité assumée semble le réserver aux amateurs et amatrices du genre, nul doute qu’il saura intéresser les oreilles curieuses ou friandes de musique cosmique.