50 Weapons Of Choice #30-39
Various Artists
On sait qu’on en demande beaucoup à Modeselektor, eux qui ont déjà un agenda de ministres pour cet été 2013. Mais vu le calibre du dernier volume des Modeselektion, on est forcément un peu déçus de constater que l'agenda de Monkeytown Records n’ait pas prévu de renouveler l’affaire cette année. Pour pouvoir troquer le soleil de Biarritz contre la moiteur des clubs berlinois, il faudra ainsi se rabattre sur le quatrième volume du best of des maxis récemment parus sur la frange club du label teuton, 50Weapons. Ce qui n’est pas nécessairement un mal dans la mesure où jusqu’alors, les artistes soigneusement triés sur le volet n’ont pas manqué de nous coller plus d’une patate dans le circuit auditif.
Casting hédoniste oblige, c’est encore une sacrée suite de genres qui s’étale sur la galette: house, UK garage, dub-techno, footwork, electronica... Il y a suffisamment de contenu pour satisfaire les sélections les plus électriques et nerveuses. On retrouve ainsi toute la science de la rave distillées par Cosmin TRG, Benjamin Damage ou Phon.O, soit trois rouleaux compresseurs taillés pour les gros soundsystems et agissant comme le plus parfait reflet de la personnalité de leurs géniteurs. Là où on craquera un peu plus notre slip encore, c'est sur le passage à tabac très propre qu'offrent coup sur coup la bassline sur dos d’âne de Dark Sky, le UK Garage comateux d’A Made Up Sound et la violence d’un Anstam qui fait penser à une partie de rough sex entre Siriusmo et Aphex Twin. Trois morceaux de bravoure qui placent la barre haut. Peut-être trop pour le reste de la compilation d’ailleurs.
Car si l’on peine à être déçus, force est d’admettre que le reste du casting tire un peu cette sélection vers le bas en respectant assez bêtement le cahier des charges de la maison. Par exemple, Addison Groove opère un peu trop dans sa zone de confort en cassant des gambettes sur fond de 808 folles et de samples hip-hop surexploités. Comme sur son Transistor Rhythm quoi. Idem pour Bambounou, qui lui non plus ne prend pas de risques et renoue avec ses premières amours drexciyennes sur un "Deepstaria" dans la droite lignée de son Orbiting. Difficile enfin de ne pas toucher un mot des prestations ratées d’Atoms For Peace dans la relecture de son pourtant chouette "Stuck Together Pieces" ou du martial Marcel Dettmann qu’on a connu plus inspiré que sur ce "Linux" rondelet et vite insupportable.
Loin la leçon d'antan, ce nouveau volume n’est donc clairement pas le meilleur volume de la série, malgré quelques morceaux de bravoure. Ceci dit, vu que le nouveau Moderat est davantage conçu pour vos parties de jambes en l'air dans le mobile home que vos élans de twerks aux soirées miss Camping, on se dit que ce serait dommage de passer à côté de pareil objet. Car en faisant trop les fines bouches, vous pourriez bien manquer la vague, un peu amère certes mais suffisamment rafraîchissante pour vous rafraîchir les esgourdes entre deux "Get Lucky". Une sorte de minimum syndical dans l’attente d’un prochain volume que l'on aimerait plus aventureux.