27 Miles Underwater
Higher Power
“UKHC’s Next Big Thing”. C’est avec cette étiquette pas forcément évidente à assumer que Higher Power débarquait en 2015, armé d’un premier 7”, Space To Breathe. Pas évidente car au sein d’une déjà très fertile scène hardcore britannique, se faire hyper ne rime pas forcément avec percer. Pourtant, quelques coups de pouce, dont le fait de se faire endorser par des poids lourds comme Turnstile ou Terror ou encore un agenda de concerts généreux en Europe et aux U.S. auront permis au quintet de Leeds de bien placer ses pions sur l’échiquier.
Avec la sortie d’un encourageant premier long format en 2017, Soul Structure, la curiosité s’est vite muée en reconnaissance médiatique, depuis concrétisée par un changement d’écurie remarqué. C’est désormais le mastodonte ricain Roadrunner Records, visiblement décidé à rajeunir son catalogue, qui s’octroie les services du groupe. Et avec ce second disque baptisé 27 Miles Underwater, Higher Power se fixe comme objectif de solidifier sa position tout en élargissant une fan base déjà pas trop mal ancrée.
Plus gros label implique forcément plus d’oseille, de quoi permettre aux cinq lads de s’offrir l’apport d’un nom bien ronflant comme Gil Norton (Foo Fighters, Jimmy Eat World, The Distillers...) pour produire ces 11 nouveaux titres. D'ailleurs, le constat sur Soul Structure d’un mix pas vraiment à la hauteur du potentiel de la bande est ici balayé puisque ce 27 Miles Underwater propose un son sensiblement plus abouti et réfléchi que le reste de leur discographie.
Au niveau de la formule, pensez riffs affutés typiques des groupes NYHC, des influences rock et metal alternatif 90’s éparpillées dans tous les sens ainsi qu’un respect certain pour les sonorités grunge et vous commencerez à vous rapprocher du rendu final. En somme, Higher Power pourrait être le résultat d’une grosse orgie entre Madball, Alice In Chains, Deftones et Jane’s Addiction avec peut-être Glassjaw qui regarderait tout ce petit monde dans coin de la pièce. On a déjà vu pire comme sources d’inspiration pour un disque qui dans l’ensemble, compte quelques gros moments et fait preuve de fraîcheur en s’écartant des contours auparavant tracés.
Ainsi, des titres comme “Seamless”, “Passenger” ou encore "King Of My Domain" sont la promesse d’un joyeux bordel dans le pit tandis que "Rewire (101)" ou "Staring At The Sun" dévoilent une palette de compétences plus large et mélodique dans le chef des musiciens. Ce melting-pot délaisse cette fois l'agressivité des débuts pour une formule plus nuancée et des techniques moins primitives. À ce titre, c’est d’ailleurs le timbre de voix nasillard du drôlement nommé Jimmy Wizard qui fait la pluie et le beau temps. Paradoxalement, son chant parvient autant à redonner une nouvelle dynamique à certains morceaux ("Shedding Skin", "Low Season") qu’il est capable de provoquer une légère surenchère sur d’autres ("In The Meantime").
Car 27 Miles Underwater n’est pas exempt de quelques faiblesses. Sans chercher coûte que coûte l’originalité, Higher Power semble parfois passer à côté de son sujet, la faute à l’usage d’artifices trop rincés ou l’envie trop manifeste de saluer d’anciennes idoles. Quoi qu’il en soit, ce deuxième essai voit le groupe élever considérablement son jeu en termes de production, mais aussi de songwriting. Résolument hardcore dans la démarche, mais quelque peu plus modéré dans le propos, Higher Power témoigne d’une belle confiance en ses capacités et malgré l’usage de références évidentes, il n’en oublie pas d’exprimer sa singularité et une vraie force de caractère. L’ascension peut continuer.