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Ed Sheeran
On ne va pas refaire la biographie complète du rouquin le plus célèbre de la planète, lui qui a commencé dans les petits bars de Camden pour finir à Wembley, devant plus de 80.000 personnes. On ne va pas, non plus, en remettre une couche sur l’indéniable talent d’Ed Sheeran, et cette facilité déconcertante qu’il a de toucher des centaines de millions de personnes avec une seule chanson. Tout cela, on le sait. Ses cinq précédents albums studio ont été des succès planétaires, et ce nouveau disque, intitulé Equals, le sera aussi. Il suffit de regarder les chiffres de « Bad Habits » pour s’en faire une idée – le compteur affiche un affolant 680 millions de lectures sur Spotify au moment d’écrire ce texte. Au-delà de l’esthétique douteuse entourant le clip, le titre coche toutes les cases d’un bon vieux tube tel que l'industrie l'envisage : simplicité du refrain, entrainantes lignes de basse et synthés qui colorent la vie.
À la lecture de la note, vous aurez compris que ce nouveau disque d’Ed Sheeran n’est pas exactement ce qu’on attendait – ou peut-être bien que si finalement. Quoiqu’il en soit, la tracklist d’Equals a autant de saveur qu’un grand verre d’eau tiède : le refrain de « Overpass Graffiti » est raté (voire agaçant) alors que le titre semblait bien parti pour cloner les récentes pitreries de The Weeknd ; « Love In Slow Motion » tente désespérément de réitérer l’exploit de « Thinking Out Loud » sans jamais y parvenir ; « Sandman » est une effroyable comptine pour enfants, que vous jouerez à votre gosse pour le punir ; les textes de « The Joker and The Queen » frôlent le ridicule tandis que l’introductif « Tides » ressemble à une parodie de face D de Coldplay... La liste de défauts semble infinie et couvre la quasi-totalité des 14 titres. Le seul point de lumière dans cette terrifiante aventure sonique qu’est Equals demeurera « Visiting Hours », un hommage poignant au célèbre producteur australien Michael Gundinski, décédé en début d’année. Le titre se révèle être un des seuls moments sincères et captivants du disque, où l’on peut enfin ressentir une certaine émotion dans l’intonation de l’interprète de « The A Team » – mais ce sera évidemment trop tard, et bien insuffisant pour espérer rattraper le cataclysme en cours.
Sur Equals, Ed Sheeran a enclenché le pilote automatique mais fonce droit vers le sol, sans même s'en rendre compte. Il n’y a plus rien d’"expérimental", ni d’original sur ce nouveau disque, qui manque cruellement de personnalité. Lui qui a l’habitude de fricoter avec des genres musicaux divers et variés, ici, tout semble beaucoup trop calculé, voir scientifiquement calibré pour les oreilles d’un grand public friand de titres insipides comme « Stop The Rain » ou « Shivers ». Et il n’y aura pas même l’ombre d’un·e seul invité·e pour espérer relancer notre curiosité. Ainsi, sans justification particulière, le chanteur de 30 ans s’égare dans une pop fade, sans saveur, ni caractère, qui manque terriblement d’idées fraiches et de thématiques intéressantes. Un projet extrêmement décevant de la part d’une icône des années 2010, qui se situe aux antipodes de ses débuts, et dont le seul héritage restera, bien tristement, ses chiffres de ventes stratosphériques. Un album de musique pour les gens qui n’aiment pas la musique, tout simplement.