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Michael Mayer

!K7 – 2016
par Jeff, le 15 décembre 2016
6

Dans la famille Kompakt, je demande le pater familias, l’homme généreux qui a dédié son existence au bien-être de ses ouailles, l’être bienveillant parti de rien pour fonder un petit empire de la musique électronique. Vous l’aurez compris, on parle ici de Michael Mayer, inoxydable tête de pont du navire amiral teuton. Depuis des années, ils sont nombreux à prédire la chute d’un label qui a connu son acmé au milieu des noughties et qui depuis est parvenu à surnager dans la grande mare aux requins. Alors c’est sûr, en 2016, une plaque signée Superpitcher ou Gui Boratto fait moins rêver qu’il y a dix ans et on attend avec un peu moins d’impatience la Total annuelle, mais à chaque fois on ne boude pas notre plaisir : ces mecs sont de vrais artisans et leur travail ne manque certainement pas d’âme.

Chose assez bizarre cependant : pour ce nouvel album, Michael Mayer a fait des infidélités à la structure qu’il a créée et débarque sur !K7 avec &, un album exclusivement composé de collaborations. Forcément, vu la réputation du natif de Cologne, il est très bien accompagné. Et surtout, Michael Mayer a eu l’excellente idée de s’entourer de gens qu’il connaît très bien. Car oui, & exprime une volonté assez simple et naturelle de se partager du temps de studio avec des potes qui partagent une vision et des influences. Après, à notre niveau, tout le piquant de l’exercice consiste à tenter de voir qui mène la barque, de savoir si Michael Mayer n’a pas fait appel à plus en forme que lui pour essayer de relancer une carrière solo qui a quand même tendance à s’essouffler.

Si on se gardera bien d'avancer la dernière hypothèse, on remarque assez vite que Michael Mayer a plutôt œuvré comme un producteur éxecutif un peu distant sur la plupart des titres, laissant souvent les intervenants imprimer leur griffe. Et, à ce petit jeu, cela donne quelques très bons moments, avec notamment une entame de disque impeccable : sur "We Like To Party" d'abord, Roman Flügel insuffle juste ce qu'il faut de claviers un peu bizarres pour rendre le titre complètement hypnotisant ; ensuite les vétérans Jörg Burger et Wolfgang Voigt retrouvent Michael Mayer sur un "Disco Dancers" au groove totalement décalé, avant que Gui Boratto ne vienne insuffler sa science du refrain tech-house maximaliste-mais-pas-trop-quand-même à "State of the Nation". Parti sur ces bonnes bases, le disque se permet de dérouler derrière, enchaînant les chouettes titres (on a beaucoup aimé la collab' forcément très electro-pop-zoulette avec Joe Goddard de Hot Chip ou la techno gracile distillée par Agoria), mais se permettant aussi quelques grosses fautes de goût - la collaboration avec Miss Kittin est insupportable, tandis que celle avec Ed McFarlane (chanteur de Friendly Fires) est d'une niaiserie sans nom.

À l'arrivée et même si il n'est pas sorti sur Kompakt, & souffre d'un mal devenu endémique à la structure : ce n'est pas mauvais, loin de là, mais ce n'est jamais exceptionnel non plus. C'est ce qui permet à des gens comme Michael Mayer de rester très respectés, mais c'est aussi ce qui pourrait provoquer leur lente disparition des radars dans un avenir proche.