Bozar Electronic Weekend
Bozar, Bruxelles, le 29 octobre 2011
Ce weekend, le Bozar bruxellois organisait sur deux soirées et dans plusieurs salles du magnifique bâtiment son Bozar Electronic Weekend, soit l'occasion rêvée pour des gens qui n'ont probablement jamais foutu un pied dans un endroit de ce genre de se trémousser au son des plaques et des live des meilleurs electroniciens du moment. Pour vous donner une petite idée, la première soirée (à laquelle nous n'avons malheureusement pas assisté) réunissait des gens aussi intéressants que Plaid, Rustie ou Jacques Greene. Mais c'est vraiment la nouba du lendemain qui cristallisait toutes les attentions, avec la venue très attendue de Modeselektor.
Et c'est peut-être là qu'a résidé tout le problème de ce Bozar Electronic Weekend: on ne pensait pas que cette seule tête d'affiche allait réduire à néant les efforts des autres protagonistes. Pourtant, ce n'était pas le beau monde qui manquait: Girl Unit, Hyetal ou l'agréable découverte de la soirée, le Concert Debout du label bruxellois Spank Me More, en plus d'un showcase Monkeytown Records occupant la salle où Modeselektor devait faire office d'éjac' faciale de luxe sur le coup de 2 heures du matin. Mais voilà, avant cette heure, l'enthousiasme dans les salles du Bozar a souvent frôlé le néant, et les artistes en ont vite été réduits au rôle d'ambianceurs de luxe pour discussions futiles – et les trois membres de la rédaction de GMD présents s’en sont clairement donné à cœur joie.
Même dans la salle où devait se produire Modeselektor, on ne s'est jamais vraiment enthousiasmé pour la prestation (il est vrai indigeste) de l'Américain Elan ou pour le baroud d'honneur du camarade Siriusmo, qui devait servir de rampe de lancement idéale pour ses patrons au sein de Monkeytown Records. Mais soyons francs, Modeselektor aurait pu passer après l'intégralité de la troupe RFM Party 80 que cela n'aurait altéré en rien l'efficacité de la prestation du groupe, aux confins de l'electro, du dubstep et de la house. Car si l'on ne peut que déplorer le manque d'intérêt pour les autres artistes présents ce samedi, force est également de constater qu'en 90 minutes plus compactes qu'un RER japonais à l'heure de pointe, Modeselektor a haché la concurrence menu avec un show qu'on peut sans sourciller qualifier d'indispensable. Indispensable parce qu'en 2011, la discographique du duo est telle qu'elle lui permet de jouer "à la carte" et d'élaborer un set en forme de déflagration constante mais qui n'a rien du best of sans saveur. Indispensable ensuite parce que les graphistes maison de Pfadfinderei sont clairement au sommet de leur art. C'est bien simple, après le mur de LED de Plastikman et le ISAM d'Amon Tobin, on n'a rien vu d'aussi jouissif en 2011.
Dans un tel contexte, on a envie de dire que Gernot Bronsert et Sebastian Szary n’ont plus eu qu’à dérouler. Dit comme ça, c’est assez réducteur mais ça en dit également beaucoup sur l’aisance dont le duo est capable de faire preuve dans l’exercice live. Bref, si ces deux-là passent près de chez vous dans les mois qui viennent, libérez votre agenda, nettoyez bien vos lunettes et prévoyez quand même quelques aspirines pour le lendemain, parce que la soirée laissera des traces.