Wander/Wonder
Balam Acab
Qu’on l’appelle “witch house” ou “drag”, cette musique de hipsters se caractérise d’abord et avant tout par un cahier des charges inévitable : une ambiance au ralenti, des sections rythmiques qui doivent leurs structures tant au hip-hop sudiste qu’au deep dubstep, des claviers analogiques, une imagerie qui tend vers le mysticisme voire l’ésotérisme et enfin des valises complètes de voix féminines qui miaulent. En gros, on est clairement face à un mouvement de transition, un truc temporaire. Il n’empêche qu’on s’y intéresse pour une poignée de sorties plutôt intéressantes. Et comme tout mouvement qui débute, il faut un mécène. Et c’est la structure Tri Angle qui s’est rapidement dressée comme la référence à suivre pour ne rien rater de l’actualité witch house. Après les phénomènes oOoOO et Holy Other, c’est au tour de de Balam Acab de se mettre en évidence. Et vous allez vite vous rendre compte que ça valait le coup.
Wander/Wonder c’est tout ce qui a été décrit plus haut : une ambiance aquatique abyssale, l’impression de nager avec les dauphins après avoir fumé tout l’Afghanistan, des beats dubstep/screw qui te font voir la vie au ralenti et des voix qui doivent autant au r’n’b qu’à la j-pop, voire même à Burial. Ce disque est à l’image de sa pochette : caverneux, en suspens dans l’air (ou l’eau) et plus qu’abyssal. Une vraie aubaine pour tous les grands rêveurs qui cherchaient un nouvel objet sur lequel s’épancher. Wander/Wonder, comme la plupart des sorties du label, possède ce côté hanté qui n’exclut aucun romantisme, pour autant qu’il soit cosmique et (lentement) psychédélique. Alors forcément quand les titres s’enchaînent – huit pour une quarantaine de minutes – tu te mets à rêver de sirènes aux gros seins et tu te prends pour Jacques Mayol. A moins que tu ne rêves de galère ancrée dans le bitume, auquel cas tu prendras ces lointains assauts urbains pour une libération dans ta vie de merde. Tu as le choix en fait, mais tu ne passeras pas à côté de l’onirisme ambient qui flotte dans l’air. Wander/Wonder c’est un trip à la cool, c’est foutrement bien fait et ça vend du rêve à chaque coin de titre. Essentiel donc.