Returnal
Oneohtrix Point Never
Difficile d'être passé à côté du phénomène Oneohtrix Point Never ces derniers mois. Tout le monde y va de son grain de sel lorsque vient le moment de parler du renouveau de la kosmische musik – et donc de l'alias de Daniel Lopatin. Tout d'abord parce que Rifts – compilation de la plupart de ses anciens travaux presque introuvables – a eu un écho plus que retentissant dans les colonnes des plus grands magazines/webzines (Wire et Pitchfork en tête), mais surtout parce que l'œuvre de l'Américain pouvait permettre à des milliers de nostalgiques de réenvisager un renouveau des musiques électroniques psyché. Preuve ultime de cette success story, son récent passage sur Editions Mego, maison-mère du bon goût aventureux, où Oneohtrix Point Never y retrouve ses compères musicaux d'Emeralds, autre récent carton du renouveau kosmische. Daniel Lopatin le sait (et l'a récemment confessé), son univers musical est extrêmement pop pour un label plutôt habitué à des expérimentations parfois radicales et bien souvent sans trop de concessions. Peu importe, il vous suffira ici d'une seule écoute pour vous approprier ce Returnal à peu de choses près magique.
Une fois passée la première tentation bruitiste, on tombe directement dans tout ce qui fait le charme de Oneohtrix Point Never : recueil de synthétiseurs analogiques, déroulés psychédéliques et mises en abîmes vocales de très haut niveau. Avec une démarche parfois plus electronica que sur ses précédents travaux, les huit pistes de Returnal consacrent de manière unanime la patte unique de son auteur, qui redonne vie à un amour sans bornes pour le matériau analogique. Et le charme pop d'opérer : tout est ici balisé pour vendre du rêve sans soulever le moindre inconfort. Ces quarante minutes sont briquées à l'extrême pour un plaisir immédiat mais non moins durable. En même temps tout le monde sait aujourd'hui que Oneohtrix Point Never est un gars à part, et que, forcément, son retour serait aussi réussi qu'acclamé. Alors il n'y a rien de plus à dire, sinon que ce court album est la parfaite jonction entre la nostalgie pour Tangerine Dream et l'électronique ludique d'un Boards of Canada en forme. Certains argumenteront que Rifts avait plus de coffre, mais quoiqu'il en soit, la patte s'est tellement affinée qu'on ne peut faire les fines bouches devant un spectacle d'une telle intensité.