Man on the Moon: The End of Day
KiD CuDi
Qu'on se le dise: l'album de KiD CuDi est le plus emmerdant à chroniquer depuis bien longtemps. Le dernier petit protégé de Kanye West divise la communauté hip hop comme c'est souvent le cas avec ces essais "aventureux" venant quasi tout le temps de G.O.O.D. Music, le label du susnommé Kanye. Les uns crient au génie, les autres à l'arnaque ultime et, après un certain nombre d'écoutes, il est toujours difficile d'établir un jugement définitif.
A l'écoute du premier single "Day'N'Nite" (puis de son remix aussi insupportable que surmédiatisé par les Crookers), on pouvait rester dubitatif face à ce petit mec sans véritable flow, posant juste ses lyrics sur un ton monocorde assez saoulant. Pour la plus grande joie des haters de tous poils, cette façon de poser est présente sur tout l'album et on comprend rapidement que KiD CuDi n'est pas exactement un rappeur.
En effet, la musique qu'il propose n'est tout simplement pas hip hop. Mis à part "Make Her Say" (un deuxième single efficace samplant Lady Gaga (!) et un drumkit de Dilla avec Common et Kanye en invités), aucun morceau ne s'écarte d'une volonté très forte de faire de la pop. D'un "Solo Dolo" minimaliste à un déconcertant "Pursuit Of Hapiness" (avec rien de moins que MGMT et Ratatat en invités), on sent un disque largement plus taillé pour MTV que pour BET.
Avec tout ça, vraiment, il est compliqué de donner un véritable avis sur cet album sans heurter une frange de l'auditoire. Ce disque entre dans la catégorie des "quitte ou double", aimé ou détesté. Les uns applaudiront le crossover pop à peu près parfaitement réussi quand les autres hurleront à l'outrage fait au hip hop avec cet album n'entrant en aucun cas dans les standards du mouvement.
C'est bien ça, on y revient toujours, Man On The Moon relance l'éternelle querelle des Anciens et des Nouveaux dans la communauté hip hop. KiD CuDi a poussé l'exploration pop plus loin que Kanye ou Lupe Fiasco ne le feront jamais, jusqu'à un point de non-retour. Il ne peut décemment pas être considéré comme un rappeur mais comme un artiste hybride, naviguant entre les genres et symbolisant une nouvelle étape dans l'évolution de ce hip hop futuriste et innovant.
En somme, c'est à vous de voir, ou plutôt d'écouter. On peut être en tous cas sûrs que cet album défraiera la chronique dans une communauté hip hop toujours plus déchirée entre deux mouvances irréconciliables. Ce Man On The Moon: The End Of The Day laisse entrevoir la (quelque peu troublante) possibilité d'une scission: est-il certain que l'on retrouvera cet album dans les rayons "Musiques Urbaines" de nos Fnac?